Monsieur le ministre, les députés du Front de gauche ont bien réfléchi sur le dossier, et je vous ferai part de leurs remarques, de leurs inquiétudes et de leurs questions. Nous souhaitons que notre pays retrouve une stratégie de défense indépendante et une visée universelle. S'agissant de la défense européenne, une armée ne peut que servir une volonté politique. Or l'Union européenne n'a pas de politique extérieure commune. Cela rend caduque l'idée d'une armée européenne ou de commandement européen intégré permanent. Mais je suivrai de très près les travaux du Conseil européen de fin décembre.
En revanche, des coalitions ponctuelles sont possibles pour certaines opérations. J'en veux pour exemple la réussite de l'Airbus A400M. Par ailleurs, les entreprises EADS, Dassault Aviation et une entreprise italienne sont prêtes à collaborer pour mettre au point la prochaine génération de drones MALE. Monsieur le ministre acceptez-vous cette initiative ? Je pense que oui.
D'après ce que j'ai entendu tout à l'heure, la Grande-Bretagne est plus que jamais tournée vers les Américains. Ce pays est pleinement intégré au réseau d'espionnage de la NSA. Les futurs porte-avions britanniques seront armés de F-35 américains et non de Rafale marine. L'entreprise anglaise BAe Systems, à travers ses produits comme le Typhoon ou le Taranis, est une concurrente de l'industrie européenne continentale. Pourquoi privilégier la coopération avec la Grande-Bretagne en termes de drones de combat et d'avions de combat ?
Ma troisième question porte sur EADS. Ce groupe européen prévoit la suppression de 5 800 postes en Europe, dont 1 700 en France. Si l'État français n'avait pas vendu une partie de ses participations, s'il avait racheté celles de Lagardère, EADS aurait pu devenir le premier groupe de défense européen à capitaux publics, et on aurait pu éviter la catastrophe. Pourquoi la France n'a-t-elle pas saisi cette occasion pour faire de EADS un groupe européen public ?
Ensuite, la création d'un bouclier anti-missiles en Europe serait contre-productive, car elle encouragerait la course aux armements sur une nouvelle ligne Maginot. Comptez-vous abandonner ce projet de l'OTAN ?
Enfin, monsieur le ministre, quelles mesures concrètes comptez-vous prendre, avec nos partenaires européens, pour que cessent les activités d'espionnage de la NSA sur les citoyens de l'Union européenne ?