La présence de l'Etat en mer et tout particulièrement Outre-mer est un sujet de préoccupation. Nous sommes d'ores et déjà confrontés à une réduction temporaire de capacités. Le Livre blanc a prévu que le nombre de frégates de surveillance, qui sont nos principales capacités de haute-mer dans ces régions, soit maintenu. Nous disposons de 6 bâtiments: 2 à la Réunion, 2 dans les Antilles, 1 en Nouvelle-Calédonie et un dans le Pacifique. Ce sont des bâtiments de conception civile, faiblement armés, mais disposant d'un hélicoptère et qui sont en mesure de remplir l'ensemble des missions de présence de l'Etat en mer. Nous sommes toujours sur la construction des Bâtiments multi-missions (B2M) qui sont des « supply ships » civils avec un faible armement pour remplacer nos capacités amphibies, que sont les bâtiments de transports légers (BATRAL), et qui nous permettront là encore, à moindre coût, de remplir l'ensemble des missions. La question se pose du remplacement des patrouilleurs P400 qui devront être prolongés, en liaison avec le programme BATSIMAR de patrouilleurs qui a déjà été repoussé une fois. Je ne pourrai répondre à cette question qu'à la fin de la LPM lorsque tout aura été mis à plat.
S'agissant des partages de capacités, dans le cadre des accords de Lancaster House, devant la difficulté d'obtenir un deuxième porte-avions au niveau français, nous avons décidé avec les Britanniques le partage d'un groupe aéronaval à la mer. Nous nous y préparons avec l'exercice Corsican Lion l'année dernière, par exemple. Nous nous acheminons vers cet objectif à l'horizon 2020 quand leur nouveau porte-avions sera opérationnel.
Nous avons la même ambition dans le domaine amphibie. Prenant acte de la diminution des possibilités, il est nécessaire d'arriver à faire une Force amphibie commune avec d'autres pays européens. L'expérience du Liban en 2006 nous a prouvé que nous avons besoin d'une telle force en Méditerranée. L'Italie nous paraît un partenaire légitime. Nous avons des contacts dans cette perspective. Mais pour mettre en oeuvre de tels projets, il faut que les intérêts soient partagés entre les différentes nations et notamment les intérêts de puissance. C'est toute la vertu de l'accord de Lancaster House, qui nous a donné un cadre parfaitement clair.
Certains territoires comme la Nouvelle-Calédonie se dotent de moyens de contrôle de sûreté maritime dans les eaux littorales proches et prennent en charge la sécurité dans la zone littorale, mais cela ne résout pas la question de la sécurité des approches en haute-mer qui restera le domaine de la Marine nationale. Il serait très coûteux de multiplier les outils de puissance ou de surveillance en haute mer.