La professionnalisation de l'armée est à mon sens inévitable. Pour répondre à l'actuelle crise de la conscription, les Russes ont mis en place un processus de contractualisation, les contrats sont d'une durée de 3 ans, sur des postes prioritaires tels que le corps des sous-officiers, qui fait cruellement défaut, le personnel des sous-marins et des troupes aéroportées, ou les bases dans « l'étranger proche ». Mais avec une croissance économique de 3 à 4 % par an et une solde de seulement 1 000 euros, les carrières militaires sur contrats ne sont pas suffisamment attrayantes pour les jeunes Russes. L'Etat-major n'obtient pas la qualité de recrutement escomptée et les contrats ne sont souvent pas renouvelés. Le maintien de la conscription répond donc tout à la fois à l'idée, très forte, de creuset de formation de la nation russe, pluriethnique, à une certaine angoisse de « se contenter » d'une armée réduite en taille compte tenu des dimensions du territoire russe mais aussi, et c'est un paradoxe, aux difficultés de la contractualisation.
En matière de cyberdéfense, les Russes savent pratiquer les cyberattaques, sans doute même parfois avec le soutien du gouvernement, comme vraisemblablement en Estonie en 2007. Ils font eux-mêmes l'objet d'attaques. Sur le plan de l'organisation et des structures militaires, la réflexion est encore embryonnaire : un commandement cyber existe dans les forces armées, mais la base conceptuelle est en devenir. Un débat interne existe sur l'opportunité d'actions offensives, tout comme en France.