La question démographique est l'un des facteurs qui a justifié la réforme de l'armée russe et la fin de la mobilisation de masse, avec à l'horizon la fin à terme de la conscription et le passage progressif vers une armée professionnelle. On pourrait aussi mentionner les besoins en main d'oeuvre de l'économie russe, qui nécessitent des arbitrages.
Les rapports entre la Russie et la Chine sont ambivalents. D'un côté, la Chine est considérée comme un partenaire stratégique et il existe de nombreuses commissions et groupes de travail bilatéraux où les responsables des deux pays échanges sur différents sujets, notamment ceux qui « fâchent ». La Russie espère que cela peut stabiliser durablement les relations entre les deux.
D'un autre côté, avec l'inversion du rapport de forces ces vingt dernières années, la Russie est consciente de la forte montée en puissance de la Chine dans les prochaines années, qui pourrait potentiellement menacer ses intérêts, voire ses ressources naturelles. Elle est donc vigilante à ce sujet. Là aussi, la dimension démographique est présente.
Il faut cependant relativiser le risque d'un « péril jaune » sur l'extrême orient russe ou la Russie. On trouve certes une forte disproportion de population des deux côtés de la frontière du fleuve Amour, avec d'un côté environ 7 millions de Russes, et de l'autre 120 à 130 millions de Chinois, mais on n'a pas constaté ces vingt dernières années d'immigration massive chinoise dans ces territoires, qui restent encore largement difficiles à vivre.
Enfin, la Russie dispose de l'arme de la dissuasion nucléaire, qui la protège, dans l'esprit de ses dirigeants, contre toute menace éventuelle d'une intervention chinoise sur son territoire - et on en revient là à ce que j'ai dit il y a quelques instants sur la doctrine russe en matière d'emploi des forces nucléaires.