Vous avez évoqué le communiqué que vous avez effectué à la suite de la réunion du 30 juin à Genève, mais au total, on a considéré que la mission de Kofi Annan avait échoué et que cela ne donnait pas grand-chose. Comment pourrait-on repartir aujourd'hui ?
S. Exc. Alexandre Orlov, ambassadeur de Russie - Le problème aujourd'hui est qu'il faut que chacun travaille à la fois avec les opposants et avec le régime. Nous n'avons aucun contact avec l'armée syrienne libre, tout simplement parce que ce sont des groupuscules et qu'il ne s'agit pas d'une armée. Nous parlons avec le Conseil Syrien Libre, mais c'est très difficile. Il faudrait que tout le monde fasse la même chose. Je suis persuadé que s'il y a un jeu honnête pour mettre tout le monde autour de la table, on pourra commencer ce processus politique autour de quelques personnalités syriennes acceptables par tout le monde. Des personnalités qui ont une autorité morale comme l'était Sakharov en Russie. Il faudrait trouver le Sakharov syrien. L'ONU ne peut pas se substituer à des parties sur place et ne fait qu'entériner des décisions déjà prises à l'avance. Pourquoi n'avons-nous pas voté jusqu'à présent les résolutions de l'ONU ? Parce qu'elles rejetaient toute la responsabilité sur le gouvernement syrien et rien sur l'opposition. Il y avait deux poids deux mesures qui incitaient en quelque sorte l'opposition à attaquer encore davantage le gouvernement.
Il y a déjà eu deux tentatives d'arrêt des hostilités. A chaque fois, les opposants ont pris les positions libérées par le gouvernement syrien. Alors celui-ci a dit : « c'est un marché de dupes que vous nous proposez ». Il y a un manque de confiance terrible non seulement entre les Syriens, mais entre les membres du Conseil de sécurité. Bien sûr nous n'avons pas oublié la leçon libyenne. C'est pourquoi nous étudions les projets de résolution avec beaucoup d'attention pour voir s'il n'y a pas de possibilité de nous impliquer dans des opérations que nous n'aurions pas voulues, comme en Libye. Mais encore une fois, nous sommes prêts à travailler au Conseil de sécurité des nations unies (CSNU), comme dans toute autre enceinte pour arriver à mettre en place ce processus politique.