Intervention de Jean-Louis Falconi

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 12 décembre 2012 : 1ère réunion
Politique de sécurité et de défense commune de l'union européenne — Audition de M. Jean-Louis Falconi ambassadeur représentant de la france auprès du comité politique et de sécurité cops de l'union européenne

Jean-Louis Falconi, Ambassadeur, Représentant de la France auprès du Comité politique et de sécurité (COPS) de l'Union européenne :

Avant toute chose, je rappelle que le mandat de la mission de l'Union européenne, tel qu'il a été agréé lundi dernier, ne porte pas sur une intervention militaire pour la reconquête du Nord Mali, qui doit relever de l'armée malienne, éventuellement avec un soutien des forces de la Cédéao ou de l'Union africaine, mais une mission qui comporte deux volets, l'un portant sur la formation de l'armée malienne, l'autre sur le conseil et l'assistance de la chaîne de commandement de l'armée malienne. La condition posée par l'Union européenne pour le lancement de cette opération, qui répond à une demande des autorités maliennes, est l'engagement d'un processus politique au Mali devant conduire au rétablissement de la démocratie. Ce processus a été engagé avec l'engagement des autorités de transition de réaliser ce processus démocratique, la tenue d'assises nationales, la définition d'une « feuille de route » et l'engagement d'organiser des élections démocratiques lorsque toutes les conditions auront été réunies pour l'organisation de ces élections. C'est sous l'exigence de cette évolution du contexte politique que la mission de l'Union européenne pourra se déployer. Dans le même temps, il est clair que l'Union européenne a décidé de lancer cette opération non pas à l'issue de ce processus politique mais en parallèle compte tenu de la dégradation de la situation sécuritaire au Nord Mali, avec un foyer pour les groupes terroristes comme AQMI qui détiennent des otages français, et qui risque de déstabiliser l'ensemble du pays et la région.

La reconquête du Nord du pays ne peut qu'être l'oeuvre de l'armée malienne, éventuellement avec l'appui des soldats de la Cédéao et de l'Union africaine, sur la base d'un mandat du Conseil de sécurité des Nations unies. Elle pourrait être financée soit par les Nations unies, soit par une conférence internationale.

Si l'Union européenne peut éventuellement apporter un soutien logistique à l'armée malienne, il n'est pas envisagé de présence de forces combattantes de l'Union européenne au Nord Mali. L'Union européen s'est d'ores et déjà dite prête à apporter un concours financier à une mission de la CEDEAO au Nord à travers la facilité de paix, comme elle le fait déjà au bénéfice de l'AMISOM ou de la MICOPAX.

L'opération de l'Union européenne est donc destinée à la formation de l'armée malienne. Elle peut également avoir un effet au Nord Mali en incitant certains groupes à faire les bons choix, et à se détacher des groupes terroristes. Cette opération devrait reposer sur des contingents de plusieurs pays européens, dont la France. La participation éventuelle de soldats allemands est soumise à l'autorisation préalable du Bundesrat.

Enfin, la France a effectivement proposé d'être la Nation-cadre de cette opération et devrait proposer un militaire français pour en prendre la direction opérationnelle.

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