Intervention de Jean-Louis Carrère

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 26 mars 2013 : 1ère réunion
Situation intérieure et extérieure de la chine — Audition du professeur françois godement

Photo de Jean-Louis CarrèreJean-Louis Carrère, président :

Nous pourrions peut-être mettre cette question des relations avec la Chine à l'ordre du jour de nos rencontres régulières avec les membres du Bundestag.

Professeur François Godement. - J'ai participé comme invité à des rencontres germano-chinoises et à des débats en Allemagne sur cette question. Ce qui me frappe, c'est que les Allemands n'ont pas « une » politique avec la Chine - ou alors elle n'est pas exprimée - ils ont « des » intérêts économiques. Ils utilisent l'Europe lorsque cela les arrange, mais s'en distinguent dans d'autres cas. Ils sont divisés, l'entourage de Mme Merkel est plus ferme sur le plan politique que d'autres. Les hommes d'affaires sont très partagés mais ils n'ont pas envie de voir l'UE leur dicter leur politique. Il en va ainsi du soutien à la directive sur les marchés publics en 2010, sur lequel l'Allemagne est revenue en arrière. Elle n'a pas plus que nous une stratégie à long terme. Elle a une politique du moment en fonction de ses intérêts économiques, elle s'inquiète des vols de propriété intellectuelle et des remontées de filières, par exemple sur l'industrie des panneaux solaires. Le jeu français est difficile car économiquement nous ne pesons qu'un quart du commerce allemand avec la Chine, très concentré donc très vulnérable. Mais les Chinois s'abstiennent de peser de façon trop forte sur les points les plus sensibles de la relation franco-chinoise. Ils ont maîtrisé les protestations, par exemple sur la question du Tibet, leurs réactions ont été, somme toute, modérées ; ils ne se sont pas attaqués aux grands intérêts économiques. La position des Français est centrale vis-à-vis des Chinois dans la relation européenne afin de pouvoir poursuivre leurs investissements en Europe. Il y a un problème de discours français sur cette question, car on nous fait, à Bruxelles, la réputation d'être plus intransigeant, alors qu'à Paris on accueille aussi les investissements et placements chinois. Il ne me paraît guère possible de trouver un axe franco-allemand dans la relation économique avec la Chine. Il y a une tentation neutraliste de l'Allemagne, abritée derrière le paravent européen ; elle joue ses propres intérêts et fait souvent cavalier seul.

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