Intervention de Christian Cambon

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 26 mars 2013 : 1ère réunion
Situation intérieure et extérieure de la chine — Audition du professeur françois godement

Photo de Christian CambonChristian Cambon :

On perçoit en Chine une forte aspiration à la société de consommation, y-a-t-il ou y-aura-t-il une aspiration à la démocratie ? Faudra-t-il attendre un nouveau changement de génération ?

Professeur François Godement - En raisonnant par aphorismes, il faut considérer que les Chinois sont l'un des peuples les plus individualiste de la Terre ; nulle part la distance entre les discours ou les thèses officielles et le vécu ou le ressenti individuels n'est aussi grande, y compris dans les milieux dirigeants. Ils sont d'une curiosité frénétique. Ils sont moins confucéens que d'autres peuples d'Asie orientale, ils sont marqués par toutes sortes d'influences, du taoisme au christianisme social.

Paradoxalement, c'est dans les milieux les plus proches du parti, dans les élites formatées dans le système éducatif au cours des trente dernières années que l'on trouve les partisans de la légalisation et de la constitutionnalisation du système, de la mutation de l'État-parti. C'est une tendance sérieuse mais elle se fait battre à chaque fois, souvent par des manoeuvres en coulisse, par la coalition des autres tendances et par les aînés. Cette tendance existe, il n'y a pas besoin d'influence internationale pour la faire exister.

Les troubles sociaux sont importants et le système est obligé de coexister avec eux. Il peut les étouffer ici ou là ; il sait empêcher l'organisation et la continuité entre les différents terrains de revendications. Il s'accommode de la succession des conflits, et de débats sur Internet ou les réseaux sociaux, à condition qu'il n'y ait ni continuité ni formation d'une organisation d'ensemble. Cela s'appuie aussi sur la diversité très importante de la société chinoise.

Le nombre de catholiques et de bouddhistes augmente, c'est un refuge. Ce sont des signes.

Le régime lui-même est dans une situation qui rappelle l'évolution semi-autoritaire d'autres régimes avant lui. Dans certains discours de Xi Jinping, il y a la recherche d'un compromis entre la place de l'État et celle des individus, une volonté d'avoir un gouvernement plus petit, de ne pas influer sur tous les sujets.

Le système a du mal à retrouver sa légitimité en phase de succession. On avait cru avec les dirigeants précédents qu'il y aurait institutionnalisation de règles. Aujourd'hui la règle joue au profit des descendants des grandes familles. Pour la génération suivante cela sera plus difficile. Il y aura un problème de légitimité. Mais il n'y a pas de « grand soir », la machine marche encore.

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