Quelle est la nature des relations entre la Chine et la Corée du Nord ? A-t-elle sur cet État une influence à l'heure où les tensions s'affirment entre ce pays et les États-Unis ?
Professeur François Godement - Les deux dernières années du règne Hu Jintao ont été marquées par un rapprochement entre les deux pays, y compris sur le plan politique. Les Chinois ont pris leur parti d'un système qu'ils n'apprécient pas. Mais c'est un État-tampon et les perspectives d'une réunification troublée leur apparaissent plus compliquée, y compris sur le plan intérieur. Ils peuvent se permettre les faux frais économiques de cette situation, en partie compensés par les recettes qu'ils tirent de l'exploitation des mines.
En surface, les Chinois ont discours qui répond aux Américains et font quelques pressions, mais les Nord-Coréens restent assez indifférents à ce discours comme on a pu le remarquer sur le dernier test nucléaire. Ils n'informent pas les Chinois de toutes leurs intentions.
Tant que la Chine n'est pas dans une position multilatérale, mais d'affirmation dans son environnement régional et éventuellement de contestation, les Nord-Coréens considèrent qu'ils disposent d'un glacis et qu'ils peuvent encore opérer.
La Chine a-t-elle conservé une influence sur la Mongolie ?
Professeur François Godement - Aucune sur le plan politique. C'est un pays qui pratique l'alternance démocratique et qui a une diplomatie explicite et affirmée pour contourner et équilibrer la Chine. De plus en plus sur le plan économique, car l'avenir minier et énergétique de la Mongolie n'est pas complètement assuré. Il y a une certaine dépendance donc à l'égard de la Chine. On est dans le schéma des voisins plus réticents que des pays plus éloignés qui peuvent estimer avoir moins à craindre et plus à gagner.