Intervention de Enver Hoxhaj

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 26 mars 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Enver Hoxhaj ministre des affaires étrangères de la république du kosovo

Enver Hoxhaj, ministre des affaires étrangères de la République du Kosovo :

Permettez-moi, tout d'abord, de vous remercier pour votre invitation et de vous dire tout le plaisir que j'ai à pouvoir échanger avec vous.

En tant que ministre des affaires étrangères de la République du Kosovo, je dois, en effet, rendre compte régulièrement de mon action devant le Parlement du Kosovo, mais c'est un très grand honneur pour moi de pouvoir échanger également avec des parlementaires d'autres pays.

Je voudrais également vous exprimer les remerciements de mon pays pour le soutien de la France, qui est plus ancien que la déclaration d'indépendance du Kosovo, puisqu'il s'est manifesté dès le début et s'est notamment traduit par l'appui de la France à la mission des Nations unies (MINUK), à la mission de l'OTAN (KFOR) et à la mission EULEX de l'Union européenne.

J'évoquerai trois points dans mon intervention qui devraient permettre de mieux comprendre ce qu'est le Kosovo aujourd'hui et ses perspectives d'avenir.

Le premier point que je tiens à souligner tient au changement majeur qui s'est produit en 2012 avec la fermeture, le 10 septembre 2012, du Bureau civil international.

Depuis son indépendance en 2008, le Kosovo avait été placé sous supervision internationale. Le bureau civil international était en charge de veiller à la mise en oeuvre par le gouvernement kosovar des dispositions de la proposition globale de règlement pour le statut de Martti Ahtisaari.

Au cours de ces cinq dernières années, le gouvernement du Kosovo a beaucoup travaillé sur la consolidation des bases démocratiques et la construction d'un véritable Etat, ainsi que sur l'intégration des différentes communautés.

La fermeture du Bureau civil international par les Etats membres témoigne du fait que le Kosovo est désormais capable de se gouverner seul, sans avoir besoin d'une supervision internationale.

Elle constitue donc une forme de reconnaissance de nos efforts et une étape cruciale dans la marche vers l'indépendance du Kosovo et elle a été perçue comme telle par la population.

Vous m'avez interrogé, Monsieur le Président, sur le processus de reconnaissance de l'indépendance du Kosovo.

À ce jour, l'indépendance du Kosovo a été reconnue par 98 pays.

Ces cinq dernières années, nous avons également beaucoup travaillé sur l'adhésion du Kosovo aux différentes organisations internationales.

Le Kosovo a ainsi été admis au sein de différentes organisations, comme la BERD ou le FMI.

Nous avons donc travaillé sur deux grands axes : la consolidation d'un Etat indépendant et le renforcement de la position internationale de notre pays.

Le deuxième point que je voulais évoquer concerne le dialogue entre Pristina et Belgrade.

Tout d'abord, je tiens à rappeler que ce dialogue ne porte pas sur la souveraineté ou sur l'intégrité territoriale du Kosovo mais uniquement sur la normalisation de nos relations avec la Serbie.

Les négociations ont bien avancé, avec plusieurs accords importants, par exemple concernant les postes frontières entre la Serbie et le Kosovo, et elles portent désormais sur le principal enjeu, c'est-à-dire la question de l'intégration au sein du Kosovo des trois municipalités du Nord du Kosovo peuplées de kosovars d'origine serbe, qui implique l'arrêt par Belgrade du soutien aux « structures parallèles » qui existent au sein de ces municipalités.

Nous avons l'espoir de parvenir en avril à un accord sur la normalisation de nos relations avec la Serbie.

Certes, nous ne parviendrons sans doute pas dans un proche avenir à entretenir des relations normales avec la Serbie, mais il nous semble important de commencer dès à présent un processus de réconciliation. A cet égard, la réconciliation franco-allemande engagée au lendemain de la seconde guerre mondiale constitue à nos yeux une source d'inspiration.

Je me suis également rendu récemment au Timor oriental, dont la lutte d'indépendance à l'égard de l'Indonésie a été très longue, mais qui offre aussi un bon exemple de reconnaissance internationale et de réconciliation.

Le troisième axe que je voulais évoquer est le rapprochement du Kosovo de l'Union européenne.

A l'image des autres pays issus de l'ex-Yougoslavie, le Kosovo aspire à adhérer un jour à l'Union européenne. Notre objectif est de construire l'avenir de notre pays au sein de l'Europe.

Mais, par rapport à d'autres pays issus de l'ex-Yougoslavie, le processus de rapprochement avec l'Union européenne a pris vingt ans de retard.

Nous sommes bien conscients que ce rapprochement ne sera pas un processus rapide et sans difficultés, mais nous voulons nous tourner vers l'avenir.

La Commission européenne, aux termes d'une étude approfondie, a conclu à la faisabilité d'un accord de stabilisation et d'association entre l'Union européenne (ASA) et le Kosovo et a recommandé la conclusion d'un tel accord, tout en encourageant le gouvernement kosovar à travailler sur quatre thèmes :

- La réforme de l'administration,

- La protection des minorités,

- La consolidation de l'Etat de droit,

- Les réformes économiques.

Le gouvernement du Kosovo est pleinement engagé sur ces quatre chantiers et espère pouvoir conclure rapidement un accord de stabilisation et d'association avec l'Union européenne.

Une autre attente importante concerne la libéralisation du régime des visas. Alors que l'Union européenne a supprimé les visas pour l'ensemble des pays des Balkans, le Kosovo demeure le seul pays où s'applique encore le régime des visas, ce qui renforce son isolement au sein des Balkans.

Nous espérons donc que dans un proche avenir les citoyens kosovars pourront voyager librement au sein de l'Union européenne.

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