Intervention de Enver Hoxhaj

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 26 mars 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Enver Hoxhaj ministre des affaires étrangères de la république du kosovo

Enver Hoxhaj, ministre des affaires étrangères de la République du Kosovo :

Les trois Etats qui ont reconnu l'indépendance du Kosovo ne sont pas européens. Il s'agit du Pakistan, de la République dominicaine et du Guyana. Je déplore que pour des raisons de malentendus et d'affaires internes, les cinq pays membres de l'Union européenne que vous avez cités n'aient pas encore reconnu notre pays.

S'agissant de nos ressortissants, je vous remercie de les avoir accueillis dans de si bonnes conditions. Quant aux allégations sur le trafic d'organes, M. Dick Marty a publié un rapport sur le sujet. Une résolution du Conseil de l'Europe a été prise sur sa base. La mission Eulex de l'Union européenne a été chargée d'enquêter sur ce sujet. Je regrette que M. Marty n'ait jamais présenté ses preuves devant la mission EULEX et ait ignoré notre demande de le faire. Nous sommes ouverts et prêts à coopérer afin de clarifier cette question une fois pour toute. Je profite de ma visite à Paris pour demander pourquoi M. Marty évite de présenter ses preuves devant les enquêteurs européens.

En réponse à votre question sur le nord du Kosovo, je tiens tout d'abord à rappeler que nous sommes parvenus à intégrer les populations kosovares d'origine serbe du Kosovo, ces cinq dernières années, comme l'illustre le fonctionnement de nos institutions. Au niveau local, on a instauré six municipalités. A l'échelon central, il existe un Parlement composé de cent vingt membres dont vingt six sont issus de l'ensemble des communautés et treize membres de celle Serbe. Le gouvernement central compte trois ministres et un vice-ministre d'origine Serbe. Nous avons plus de 90 000 Kosovars d'origine serbe du Kosovo qui participent à la vie quotidienne institutionnelle, politique et autre du Kosovo.

Nous travaillons désormais à résoudre les difficultés que connaît le Nord du Kosovo. Cette situation a par ailleurs été créée par la Serbie à la fin de la guerre. Cette dernière a, sans succès, tenté de geler le conflit par le biais de sa police et de sa force de sécurité. En toute franchise, nous ne devrions pas nous interroger sur l'adhésion des Kosovars d'origine Serbe du Nord du Kosovo à la situation. Cela ne constitue pas une approche utile. Les minorités dans la région des Balkans sont nombreuses. Qui apprécie d'être une minorité ? Les Croates en Bosnie et les Albanais en Macédoine apprécient-ils leur situation de minorité ? A ce titre, nous demandons à Belgrade de démanteler leur structure parallèle de police et administrative et de ne plus affirmer que les Kosovars d'origine Serbe n'acceptent pas l'indépendance du Kosovo. La plus grande majorité l'a accepté. Nous sommes fiers d'avoir pu construire en cinq ans un Kosovo multiethnique indépendant. La France y a contribué en nous soutenant dans des moments critiques de notre histoire. Nous lui en sommes reconnaissants.

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