Intervention de Enver Hoxhaj

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 26 mars 2013 : 1ère réunion
Audition de M. Enver Hoxhaj ministre des affaires étrangères de la république du kosovo

Enver Hoxhaj, ministre des affaires étrangères de la République du Kosovo :

Concernant la situation dans la ville de Pristina et les autres villes, se focaliser uniquement sur des statistiques en se référant aux minorités me semble trop réducteur afin de dresser un constat réel de la situation. Je vais toutefois y recourir exceptionnellement. On dénombre 120 000 Kosovars d'origine Serbe habitant le Kosovo aujourd'hui contre approximativement 200 000 dans les années 1990. Nous ne disposions pas de chiffres depuis 1981. Les recensements étaient donc vagues. La grande majorité de ces personnes vivent encore au Kosovo, ce qui tend à prouver que le pays est multiethnique. La municipalité de Gracanica, à proximité de Pristina, est gouvernée par les Serbes du Kosovo. Si vous dénombrez moins de Kosovars d'origine Serbe à Pristina que dans les années 1990, c'est parce qu'une grande partie de cette population provenaient de Serbie et non du Kosovo. Aujourd'hui, certains partis politiques sont issus des communautés serbes. Ils participent à la vie institutionnelle et politique du Kosovo et oeuvrent en faveur d'un avenir européen du Kosovo. Cela constitue une différence essentielle par rapport au passé.

En ce qui concerne les sites religieux, le Kosovo a mis en place des zones de protection destinées à trente cinq églises et monastères depuis cinq ans. J'ai évoqué précédemment que nous avions mis un terme à la surveillance du pays par la communauté internationale. Grâce à cet engagement de protéger le patrimoine culturel de toutes les communautés du pays, nous avons pu satisfaire à l'une des obligations qui nous étaient imposées conformément au plan Martti Ahtisaari. Sachez que notre police protège les églises et les monastères sur l'ensemble du territoire. Convenant de l'importance identitaire aux yeux des Serbes de ces églises et monastères, ces derniers n'en demeurent pas moins importants également pour l'ensemble des Kosovars et habitants de la région. Ils appartiennent à l'humanité en tant que propriété culturelle, créée au moment de l'empire byzantin. C'est pourquoi, nous oeuvrons à leur protection. Nous n'avons pas connu de conflits religieux ces dix dernières années. Le Kosovo est fier d'avoir toujours été un Etat laïc. La religion est le plus souvent appréhendée comme un phénomène d'ordre culturel. Il y a deux siècles déjà, sous l'empire ottoman, la laïcité ainsi qu'un Islam ouvert faisaient partie de la vie des Kosovars.

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