L'influence intellectuelle des Frères musulmans est claire et s'appuie sur un réseau. Il y a aussi dans la communauté sunnite une forte influence intellectuelle de l'AKP turc. Mais en Syrie, il y a aussi une forte tradition laïque (qui a marqué le parti Baas à ses débuts) et c'est une mosaïque de confessions religieuses qui conforte cette tradition. Il existe des tensions entre ces deux pôles y compris au sein du Conseil national.
Le système sécuritaire syrien est complexe. Il s'appuie sur un nombre très important d'unités combattantes spéciales qui lui sont très loyales, qu'il s'agisse de la garde républicaine ou des brigades commandées par Maher Al-Assad, ou des unités armées des services de renseignements ou encore des milices d'auto-défense qui recrutent dans les communautés alaouites, chrétiennes et kurdes. L'Armée, qui est une armée de conscription, est à l'image de la population et comprend une majorité de sunnites, mais elle est sous surveillance : les officiers sunnites sont très souvent assistés par un second alaouite. Cette communauté, dont est issu Bachar Al-Assad, a complètement investi et maillé l'appareil militaire. C'est ce qui explique qu'il n'y ait pas eu de défections d'unités importantes. Les désertions sont le fait d'individus ou de petits groupes d'appelés qui, pour une part, ne souhaitent pas participer à la répression, certains se cachent ou s'exilent, tandis que d'autres ont pris les armes. L'Armée libre de Syrie annonce 20.000 hommes, mais en compte moins, probablement de 5 à 10.000. Les actions armées ne sont pas toutes de son fait même lorsqu'elle les revendique. Le rapport de force est très clairement en faveur du pouvoir. C'est un combat asymétrique.
Si le conflit s'éternise, il peut y avoir des tensions au sein de l'appareil sécuritaire, notamment s'il rencontre des problèmes économiques.
Pour des raisons diverses : volonté de retrouver une influence au Proche-Orient, équipement militaire de l'armée syrienne, présence de chrétiens orthodoxes, craintes de la menace islamiste, port stratégique de Tartous, agacement vis-à-vis des positions occidentales, notamment depuis la crise libyenne, l'engagement de la Russie en faveur du régime semble solide. Sera-t-il durable s'il considère que le régime s'affaiblit ?