Permettez-moi, tout d'abord, Monsieur le Ministre, de vous féliciter pour la qualité de votre rapport, dont j'ai pris connaissance avec le plus grand intérêt.
La principale conclusion de votre rapport est qu'une sortie du commandement intégré n'est pas une option et que la France doit au contraire s'efforcer de retrouver toute sa place au sein de l'Alliance. Comme vous le soulignez à juste titre dans votre rapport, depuis la décision prise en 1966 par le Général de Gaulle de quitter le commandement militaire intégré, le contexte a radicalement changé, avec notamment la disparition du bloc soviétique. Par ailleurs, la décision prise par l'ancien Président de la République, M. Nicolas Sarkozy, d'une réintégration pleine et entière de la France au sein du commandement militaire intégré, bien que très critiquée à l'époque, ne remet aucunement en cause notre souveraineté ni notre indépendance nucléaire. Je rappelle d'ailleurs que la France ne participe pas au groupe des plans nucléaires. On peut d'ailleurs se demander s'il aurait été possible, sans cette réintégration pleine et entière de la France dans l'OTAN, de conclure les accords franco-britanniques en matière de défense ou de lancer l'opération en Libye.
Grâce notamment à cette réintégration, la France exerce une influence croissante au sein de l'Alliance. Ainsi, notre pays a joué un rôle important dans l'adoption du nouveau concept stratégique lors du Sommet de Lisbonne en 2010, en ce qui concerne la réforme de la structure de commandement ou encore pour la conception d'une alliance défensive et d'une alliance nucléaire.
Notre pays a également accepté, lors du dernier Sommet de Chicago, la mise en place d'une capacité intérimaire de défense anti-missiles de l'OTAN du territoire et des populations, à condition qu'un tel système soit un complément et non un substitut à la dissuasion.
Alors que la France s'était engagée auprès de ses alliés pour se doter d'une capacité de détection et d'alerte avancée (radar et satellite), je souhaiterais connaître votre opinion sur la défense anti-missiles de l'OTAN, la contribution éventuelle de la France et ses implications sur l'Europe de la défense et les relations avec la Russie.
Par ailleurs, que pensez-vous du processus d'élargissement de l'OTAN et de l'idée selon laquelle le prochain Sommet de l'Alliance pourrait être celui d'un nouvel élargissement ? Lors de la session de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN nous avons assisté à un plaidoyer en faveur de la poursuite de l'élargissement de plusieurs dirigeants des pays des Balkans et du président géorgien Mikheil Saakashvili. Quelles pourraient être les conséquences d'un tel élargissement, notamment en ce qui concerne nos relations avec la Russie ?
Enfin, avec la réélection de Barack Obama et l'attitude plus ouverte de nos amis américains, nous avons une formidable opportunité pour promouvoir une « européanisation » de l'Alliance atlantique. La question est de savoir si nous aurons la volonté et les moyens de saisir cette opportunité.