Intervention de Zalmai Rassoul

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 26 octobre 2011 : 1ère réunion
Audition de M. Zalmai Rassoul ministre des affaires étrangères d'afghanistan

Zalmai Rassoul, ministre des affaires étrangères d'Afghanistan :

Militairement parlant, les talibans sont vaincus. La nature même des opérations militaires qui se déroulent est très différente des affrontements des années 2005-2008. Cette défaite a entraîné un changement de tactique. Les talibans des réseaux comme, par exemple, le réseau Haqqani, sont devenus des groupes terroristes très bien organisés, très professionnels et bien équipés. Toutes leurs attaques sont programmées et organisées hors d'Afghanistan. Sans une collaboration sincère du Pakistan la résolution de ce problème sera plus difficile, prendra plus de temps et coûtera plus de vies. Notre objectif est de vaincre le terrorisme et l'extrémisme islamiste, mais le plus grand danger vient plutôt du Pakistan, pays doté de la puissance nucléaire où les terroristes islamistes ont leur sanctuaire et non de l'Afghanistan. Il faut appréhender le problème dans son contexte régional. Pour que la transition réussisse, il faut convaincre le Pakistan, qui commence lui-même à souffrir du terrorisme, que la promotion de l'extrémisme à des fins politiques n'est pas la bonne solution. La crise ne pourra être résolue que quand un gouvernement civil sera en charge de la politique. Or c'est l'armée pakistanaise qui dirige la politique.

Les erreurs qui ont été faites sont connues. En particulier, les Etats-Unis ont beaucoup tardé à se décider à former et à entraîner les forces afghanes de sécurité, armée et police. De plus, jusqu'à il y a un an, le Pakistan était considéré par eux comme leur meilleur allié contre le terrorisme, ce que l'Afghanistan n'a jamais compris. Le Pakistan est le problème. Il faut le convaincre du danger de leur politique pour leur propre sécurité et pour leur existence même.

Les Afghans ont également fait des erreurs, mais il faut se rappeler que, pendant 30 ans, il n'y a pas eu d'institutions dans mon pays ravagé par la guerre. Pendant 30 ans deux générations n'ont pas été éduquées. En 2001, il n'y avait rien. Or, pour bâtir un état de droit, il faut des institutions. Nous avons fait d'énormes progrès, mais cela ne signifie pas que nos institutions fonctionnent comme les institutions françaises.

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