Intervention de Xavier Pintat

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 5 novembre 2013 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2014 — Audition du général denis mercier chef d'état-major de l'armée de l'air mission défense

Photo de Xavier PintatXavier Pintat, rapporteur pour avis du programme 146 « équipement des forces » :

Comment voyez-vous le futur de l'aviation de combat européenne ? Il y a en effet trois avions de combat européens, certains disent même quatre avec le Joint Strike Fighter (JSF) - comment cela pourrait-il converger ? D'autant qu'il faut également prendre en compte les drones de combat. Deuxième question : les drones MALE Reaper, nous avons toujours dit ici au Sénat qu'il ne fallait pas les franciser inutilement et qu'il convenait de conserver notre argent pour la troisième génération. Comment voyez-vous les choses ? Il n'y aura pas de certification pour les deux premiers acquis en urgence opérationnelle, au moins dans un premier temps. Mais faut-il certifier les dix autres et si oui cette certification ne risque-t-elle pas de bloquer l'achat des dix autres Reaper ? Concernant les missiles, nous sommes très inquiets au Sénat de la réduction des cibles des programmes et en particulier, pour ce qui concerne l'armée de l'air, pour les missiles Aster qui équipement les systèmes de défense anti-aérienne SAMP/T et les missiles air-air Meteor. Est-ce que l'on a passé un seuil critique ? Enfin, en tant que sénateur de Gironde, je constate que la presse locale se fait l'écho de rumeurs inquiétantes concernant la SIMMAD. Qu'en est-il ?

Général Denis Mercier, chef d'état-major de l'armée de l'Air- Le futur de l'aviation de combat est un vrai sujet qui conditionne l'avenir de nos capacités militaires et l'avenir de notre industrie aéronautique. Il y a eu une étude très intéressante de l'Académie de l'Air et de l'Espace sur le sujet à laquelle je vous renvoie. Je marquerais néanmoins une légère différence d'appréciation avec les auteurs de cette étude, car pour moi le Rafale est un avion de combat beaucoup plus proche de la cinquième génération que de la quatrième, ce qui n'est le cas ni du Gripen, ni de l'Eurofighter, même si je considère comme peu pertinente cette approche par « génération ». Ce qui fait la différence en sa faveur, c'est sa polyvalence, sa capacité de fusion des informations fournies par les capteurs et sa capacité de guerre électronique. Pour autant, il faut préparer l'avenir du Rafale, et c'est maintenant qu'il faut prendre les décisions qui s'imposent. Nous sommes en train de mener une étude approfondie sur ce sujet au sein de l'armée de l'air. Ce qui est clair pour moi c'est qu'il ne faut pas focaliser le début de la réflexion sur les équipements - avions de combat ou drones de combat. La future capacité de combat aérienne sera un « système » capable d'associer de la façon la plus efficace possible des capteurs et des effecteurs. Les capacités critiques de ce « système » reposeront sur sa capacité d'intégration des données et des missions ainsi que sur ses liaisons de données. Il faut travailler à l'établissement de normes dans ce domaine dès aujourd'hui au niveau européen, si on veut éviter de se les faire imposer demain. Toute la question est de savoir avec qui travailler ? C'est une coopération qui ne se limite pas aux seuls pays européens.

Concernant le Reaper, la réponse dépend du périmètre mis dans le mot « francisation ». Nous avons déjà fait le choix des satellites de communication avec lesquels nous opérerons cette capacité. Il y a ensuite un travail important sur la certification et la navigabilité pour les intégrer dans l'espace aérien européen. Je suis personnellement tout à fait en faveur d'une filière de drones MALE européens dans l'avenir. Mais cette filière, si elle voit le jour, ne sera pas en mesure de fournir des drones MALE avant 2022-2023. D'ici là, il faut impérativement combler la lacune capacitaire et plus encore acquérir l'expérience qui nous permettra de spécifier avec précision les besoins opérationnels. Il y aura bientôt l'exercice SERPENTEX - à Solenzara, au mois de décembre prochain. Il est prévu qu'un drone Reaper italien décolle d'Italie et opère en France. Une réussite de cette mission représenterait un premier pas vers la certification européenne. Le niveau suivant de francisation concernera la capacité à intégrer nos propres capteurs.

Concernant les stocks de missiles et de munitions, les cibles seront atteintes plus lentement que prévu. C'est le cas notamment pour le Meteor et l'Aster 30. C'est un vrai sujet sur lequel nous devons rester vigilants, mais la LPM prévoit la livraison de ces armements.

Enfin, concernant la SIMMAD, nous avons une vision différente de la DGA ; celle-ci propose de reprendre une partie des missions de la SIMMAD sous couvert de son expertise dans les négociations avec les industriels. Nous avons un projet différent qui préconise de passer d'une logique de disponibilité à une logique d'activité. Nous avons mis en place des « guichets » avec les industriels sur nos bases aériennes et des plateaux techniques à la SIMMAD afin de coller au mieux la disponibilité à notre activité. Nous ne souhaitons pas revenir en arrière. Compte tenu des difficultés budgétaires il s'agit pour nous d'ajuster au plus près le besoin opérationnel aux moyens budgétaires. Il nous faut travailler ensemble avec tous les acteurs du MCO, dont la DGA, pour examiner, flotte par flotte, ce qui permet le mieux d'ajuster les contrats aux besoins réels.

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