Intervention de Jacques Gautier

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 11 juin 2013 : 1ère réunion
Audition du général denis mercier chef d'état-major de l'armée de l'air

Photo de Jacques GautierJacques Gautier :

Merci pour cette présentation très transparente et qui traduit la vision globale que vous avez du sujet. J'ai bien intégré la nécessité de différencier les réponses selon les armées, les armes et les personnels. S'agissant de l'EATC, je dirais qu'il fonctionne, parce qu'il y a des pays qui apportent des capacités. Il n'est pas indispensable que ces capacités soient identiques. C'est le service rendu qui compte. Sur le maintien en condition opérationnelle (MCO), l'exemple de l'A400M illustre bien les difficultés de l'Europe de la Défense. Nous prévoyons en effet de faire le MCO avec les Britanniques, qui ne font pas partie de l'EATC, mais pas avec les Allemands qui eux en font partie. En période de crise, chaque nation européenne a une tendance à se concentrer sur ses emplois au lieu de mettre en commun les maigres moyens subsistants. S'agissant du SCCOA4, votre prédécesseur, le Général Jean-Paul Paloméros, disait déjà que c'était essentiel. Or ce qui était essentiel il y a trois ans l'est encore plus aujourd'hui. Pour ce qui est de la rénovation des Mirage 2000, la commission des affaires étrangères et de la défense dont nous faisons partie s'était battue en son temps pour qu'elle ait lieu. La rénovation envisagée aujourd'hui est très éloignée de celle qui était initialement prévue, et ne permettra pas à ces avions d'avoir toutes les capacités souhaitées. Pour ce qui est de la LPM, nous savons qu'elle est très difficile à boucler, notamment à cause du problème des ressources exceptionnelles. Si ces ressources ne sont pas au rendez-vous en 2014 et en 2015, cela se traduira par une perte de 2,8 milliards d'euros par rapport à la trajectoire financière envisagée par le Livre blanc. Si tel était le cas, nous abimerions davantage encore notre outil de défense.

S'agissant de l'école de pilotage de Cognac, nous avons visité avec mon collègue Daniel Reiner ce qui se fait en matière de formation des pilotes d'hélicoptères à Dax, et il y a sans doute là des principes dont vous pourriez vous inspirer utilement. Le fabricant du matériel n'est pas forcément le mieux placé pour prendre en charge le partenariat public-privé.

Général Denis Mercier - La différenciation selon l'armée : oui. Il ne faut pas vouloir harmoniser tout le monde. Il faut au contraire bien connaître les autres et tirer parti de leurs différences. S'agissant de l'EATC, il repose comme vous le savez sur deux piliers : un pilier opérationnel qui consiste à faire de l'échange de capacités de transport ; et un pilier fonctionnel qui permet d'élaborer des normes communes. Ce deuxième pilier est tout à fait fondamental. Sur le MCO de l'A400M, je pense qu'il sera plus facile de jeter les bases de façon bilatérale avec nos amis britanniques et si cela est bien fait, les autres nations suivront.

La modernisation du SCCOA4 aurait dû être faite depuis longtemps. Elle le sera dans la prochaine loi de programmation, et il faut s'assurer de sa « sanctuarisation ». La LPM est difficile à boucler, c'est vrai. Est-ce seulement une question de ressources exceptionnelles ? Je ne le crois pas. La LPM repose sur trois piliers principaux: l'équipement, l'activité et la masse salariale. Si on ne fait pas décroître la masse salariale, on ne pourra pas conserver les équipements ni le niveau d'activité. Les trois sont liés et il faut trouver le meilleur équilibre possible.

Sur le partenariat public-privé de l'école de pilotage de Cognac, trois solutions s'offrent à nous :

- l'acquisition intégrale des équipements de façon patrimoniale pour l'Etat. Cette solution est financièrement hors de portée ;

- le tout en partenariat public-privé et je ne suis pas convaincu que cela soit souhaitable ;

- une solution mixte, et c'est vers cela que nous nous orientons.

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