Il est toujours utile de retracer, comme vous l'avez fait, la dimension historique. On ne peut comprendre, en effet, l'attitude actuelle de la Russie sans prendre en compte le sentiment d'humiliation ressenti par la Russie dans les années 1990, avec la grave crise économique et sociale, l'élargissement de l'OTAN aux anciens pays satellites et aux pays baltes, voire la porte ouverte à l'Ukraine et à la Géorgie, ou bien encore sans prendre en compte l'importante présence musulmane, avec de l'ordre de 20 millions de personnes, en Russie, au Caucase, mais aussi au coeur même de la Russie, comme à Kazan, et la présence de nombreux pays musulmans à ses frontières. Cela explique le sentiment actuel d'une « revanche » sur l'occident et la crainte de l'islamisme radical et du terrorisme, la Russie ayant été victime à plusieurs reprises de ce fléau, à Moscou, en Tchétchénie ou au Daghestan.
La renationalisation des entreprises du secteur énergétique n'est pas non plus une singularité russe.
Il est vrai que le budget de la défense a augmenté ces dernières années, mais il ne représente que le double de celui de la France pour une armée d'un million d'hommes et il reste très inférieur à celui des Etats-Unis.
Concernant les relations de la Russie avec la Chine, il faut bien comprendre que la Russie est un peuple européen dans un pays eurasiatique et que la Chine représente à terme une menace pour la Russie, notamment en raison de la pression démographique dans l'extrême orient russe, même si la Chine représente aujourd'hui 17 % des parts de marchés en Russie, l'Allemagne 12 % et la France 8 %. Il existe environ quatre cents implantations économiques françaises en Russie, contre 3 000 allemandes.
Enfin, ce que vous appelez « solitude stratégique », n'est-ce pas ce que nous appelons en France « l'indépendance stratégique » ?