J'ai été très intéressé par cette communication mais je doute que ces préconisations ne coûtent rien si on les applique et on les étend à toutes les oeuvres spoliées, et cela engendrerait un risque pour nos musées. Il faut également dire que les collections de nos musées ont été parfois enrichies à coup de rapines et de spoliations. Napoléon a été un grand pilleur d'oeuvres d'art dans l'Europe entière. Cela a été un mode fréquent de récupération d'oeuvres d'art. Au XIXe siècle, de nombreuses oeuvres en provenance de Grèce et d'Égypte sont arrivées de façon discutable et discutée dans nos musées ainsi que dans les musées britanniques. Il existe aujourd'hui des demandes de restitution, je pense par exemple au conflit en cours entre le gouvernement égyptien et le Louvre. Souvenons-nous aussi de la célèbre affaire du sac du Palais d'été à Pékin, dont un salon complet se trouve actuellement dans un de nos musées, qui éprouve des scrupules à le présenter au public en permanence. Souvenez-vous de l'affaire récente de la vente des oeuvres de la collection de Pierre Bergé et d'Yves Saint-Laurent. Les Chinois ont fait remarquer que certains objets provenaient du Palais d'été. Le Maréchal Goering et Hitler ont spolié des oeuvres qui appartenaient notamment à des familles juives mais il y a aussi tous ces objets, que l'on retrouve en vente dans ce quartier même et qui n'ont pas une origine toujours claire. Il y a quelques années, j'ai fait un rapport dans le cadre de la commission de la culture du Conseil de l'Europe intitulé Halte au pillage des biens culturels africains. Nous devons mener une réflexion sur le sujet. Je suis un grand admirateur du musée du Quai Branly mais je ne suis pas sûr que l'on ait une vision claire de la provenance de tous les objets qui s'y trouvent. Beaucoup de musées occidentaux sont confrontés au problème de la restitution. La question de la conservation des oeuvres dans le pays d'origine se pose également. Vous nous présentez une partie d'un sujet plus vaste que ce que vous avez évoqué et qui touche à la composition des collections des musées occidentaux. Afin d'élargir le sujet, je me rappelle que le colloque sur le pillage de l'art africain a eu lieu au même moment que la guerre en Irak. Nous avions voté une résolution afin de protéger les oeuvres du musée d'art de Bagdad et, malgré cela, les oeuvres sont parties dans la nature. Ce problème reste toujours d'actualité.