Le dynamisme de La Banque Postale s'inscrit dans le développement du groupe La Poste qui est leader européen multi-métiers, courrier, colis-express, compétences financières, enseigne La Poste. Le groupe est solide, ses résultats financiers ont bien résisté à la crise. Il s'est doté d'un programme d'adaptation et d'innovation dans toutes ses activités. Pour le courrier, l'outil a été rénové et de nombreuses initiatives prises ; nous sommes devenus le leader européen du colis-express ; quant à l'enseigne, les partenariats se sont multipliés en zone rurale et nous avons profondément transformé, partout, le cadre, l'accueil et les temps de traitement et d'attente. Nous avons aussi créé La Banque Postale. Tout cela a exigé de très gros efforts de la part des postiers.
Nous nous engageons aujourd'hui dans une nouvelle activité de crédit aux collectivités locales, mais entendons maintenir une totale étanchéité entre le présent et le passé. Il est hors de question que le groupe importe des risques financiers ou réputationnels ; il serait inacceptable que les conséquences en retombent sur nos clients, ou sur les postiers qui ont tant travaillé à notre développement !
La Banque Postale est une banque neuve, « adolescente » en quelque sorte. Livrets d'épargne à l'origine, puis crédits à la consommation et à l'immobilier, contrats d'assurance incendie, accidents et risques divers (IARD), santé, prévoyance, gestion de patrimoine, financement des personnes morales depuis le mois de septembre, et à présent financement des collectivités territoriales : la barque est aujourd'hui bien chargée, mais le développement a été raisonné et professionnel. Notre banque a beau être encore en construction, elle est solide et affiche de bons ratios. Elle n'en a pas moins des progrès à réaliser : son coefficient d'exploitation est jugé trop élevé par l'Autorité de contrôle prudentiel (ACP).
Notre banque est une banque de confiance. Son bilan comporte peu de risques : pas de produits toxiques, pas de « Madoff », pas de subprimes... Notre banque est aussi une banque de présence et d'accessibilité sur tout le territoire. Par ses produits, ses tarifs, son livret A, elle est perçue comme sérieuse, peu risquée, accessible et digne de confiance. Telles sont les raisons d'être de La Banque Postale et nous cultivons cette différence par rapport aux autres établissements bancaires. La confiance est notre atout principal. Il est hors de question de mettre en péril notre réputation. Et cela peut aller très vite, nous le savons ! Après les premiers articles de presse, imprécis, qui annonçaient que La Banque Postale allait reprendre Dexia, les tracts syndicaux ont fleuri, pour protester contre une Poste faisant office de « Samu » de Dexia. Les postiers ont exprimé leurs inquiétudes. Les clients réagissaient aussi, assaillant de questions leurs conseillers financiers.
La banque est essentielle pour l'avenir du groupe. Elle est la banque des postiers eux-mêmes, puisque 80 % d'entre eux y ont leur compte. En outre, elle emploie en propre 2 000 salariés et fait travailler 14 000 agents dans les centres financiers, 10 000 conseillers financiers et 35 000 guichetiers pour la moitié de leur activité... À l'exception de 2011 où nous avons subi la restructuration de la dette grecque, La Banque Postale contribue pour moitié aux résultats annuels du groupe. Les trajectoires établies en 2009 pour déterminer la valorisation des parts du capital prévoient en 2015 une contribution de deux-tiers au résultat. Les autres activités sont en croissance plus lente, 5 % par an pour le colis-express par exemple. Le courrier est affecté par une baisse de 15 % du volume traité depuis 2008 ; nous prévoyons un recul supplémentaire de 15 % d'ici à 2016 ; et pourtant cette activité continue à s'autofinancer. Bref, La Banque Postale est au coeur du développement du groupe.
Nous sommes très fiers et enthousiastes de participer au financement des collectivités locales, avec la confiance de celles-ci et de nos actionnaires. Nous n'avions pas pensé nous engager maintenant, nous étions fort occupés... Mais les circonstances récentes et les difficultés de financement des collectivités nous amènent à aller de l'avant plus rapidement que prévu. Cette activité correspond à notre « ADN », nous avons toute légitimité à l'exercer et nous sommes heureux de le faire avec la Caisse des dépôts. Mais nous conservons notre « fil rouge » : étanchéité entre le passé et le présent, refus du risque réputationnel.
Quel est notre modèle de financement, m'avez-vous demandé ? La Banque Postale prouvera sa différence avec ce que les autres ont fait dans le passé. Nous proposerons des produits simples et une relation transparente et adulte. Les prêts seront adossés en liquidité - pas d'impasse ni de transformation. Nous attendons de la nouvelle activité qu'elle contribue à l'amélioration de notre coefficient d'exploitation, que l'ACP juge trop élevé. L'objectif, si tout se passe bien, si la désimbrication d'avec Dexia Crédit Local est menée rapidement, est de la démarrer à la fin du premier trimestre 2012. Tout ne dépend pas seulement de nous !
Quant à la création d'une agence des collectivités locales, il est normal que la concurrence opère et indispensable que les banques privées ne se désengagent pas de ce secteur. Nous souhaiterions quant à nous couvrir une part de marché de 25 à 30 %, soit 5 à 6 milliards par an.