Intervention de Marie-Christine Blandin

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 28 mai 2014 : 1ère réunion
Accès à la formation à l'heure du numérique — Table ronde

Photo de Marie-Christine BlandinMarie-Christine Blandin, présidente :

C'est une banalité que de dire que le numérique envahit peu à peu tous les domaines de l'activité humaine. Mais qu'en est-il en matière éducative ?

Jean-François Rouet, chercheur au centre de recherche sur la cognition et l'apprentissage, estime que « dans deux décennies, Internet sera sans doute accessible partout, mais son usage ne sera pas généralisé. L'éducation, telle que l'humanité l'a conçue depuis des millénaires, restera la technologie la plus puissante pour transmettre, acquérir et améliorer ses connaissances. »

Nous sommes donc réunis aujourd'hui, dans le cadre d'une table ronde, pour discuter du développement des cours en ligne destinés au grand public, c'est-à-dire de ce qu'on appelle désormais communément les MOOCs ou, par respect de la langue française, bien que le sens des deux acronymes ne soit pas tout à fait identique, les « CLOM », cours en ligne ouverts et massifs. Notre commission préfère le vocable de « nuage » à celui de « cloud », c'est pourquoi je prends ici cette précaution linguistique. Nous assistons, depuis presque deux ans, à une véritable révolution numérique dans le secteur de l'enseignement avec de fortes implications en termes de démocratisation de l'accès de la jeunesse aux formations supérieures, non seulement en Europe et aux États-Unis mais également au sein des pays émergents, par exemple en Afrique.

La France s'est récemment dotée d'un programme national de soutien au développement de son offre de MOOCs, dénommé « France Université Numérique » (FUN), afin de mettre en place un campus virtuel francophone capable d'assurer le rayonnement intellectuel, scientifique et linguistique de notre système d'enseignement supérieur.

Notre table ronde a donc pour premier objet de mieux comprendre ce qui se cache derrière le terme de MOOCs. C'est pourquoi nous visionnerons, en introduction, un court film documentaire réalisé par la direction de la communication du Sénat sur la conception par l'École Centrale de Paris d'un MOOC consacré au développement durable, qui a rencontré un fort succès tant en France qu'à l'étranger.

Puis nous aurons le plaisir d'entendre nos invités réagir à cette présentation et, le cas échéant, la compléter en nous expliquant en quoi le MOOC peut constituer un outil complémentaire à l'enseignement en présentiel et en quoi les campus virtuels peuvent être le prolongement des universités physiques. Il leur reviendra également de nous exposer ce qu'ils considèrent être les limites des MOOCs, notamment en termes d'interactions pédagogiques et de valeur ajoutée de la formation en ligne. Dans le prolongement du dernier numéro de la revue Le Débat qui se penche sur le thème de « l'ouverture de l'université par le numérique », il sera intéressant d'identifier les principales contraintes pédagogiques, techniques et financières qui pèsent sur l'essor des MOOCs. Face à la multiplication des plateformes de distribution des MOOCs, pour certaines payantes, nous devrons, en outre, nous interroger sur leur vocation véritable : s'agit-il d'une véritable avancée pédagogique, notamment en termes d'accès à la connaissance, ou d'un leurre dont les promoteurs sont avant tout animés de préoccupations économiques, autrement dit trouver de nouvelles sources de financement pour des établissements d'enseignement supérieur en difficulté ?

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