Intervention de Catherine Mongenet

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 28 mai 2014 : 1ère réunion
Accès à la formation à l'heure du numérique — Table ronde

Catherine Mongenet, responsable du programme « France Université Numérique » (FUN) au ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche :

C'est dans le cadre de l'agenda numérique pour l'enseignement supérieur élaboré par Mme Fioraso l'an dernier, structuré en dix-huit actions allant de l'amélioration des infrastructures à la transformation des formations, et de l'initiative « France Université Numérique » que nous avons décidé de lancer une plateforme numérique d'hébergement de MOOCs. Des établissements qui avaient commencé à en produire, s'interrogeaient sur leur mode de diffusion. Aux États-Unis, précurseurs en la matière, deux plateformes existaient : Coursera, créée par Stanford et edX, initiée par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et Harvard. Certains établissements français étaient prêts à y publier leurs MOOCs, d'autres éprouvaient des craintes sur la confidentialité des données des étudiants qui y seraient hébergées. Dans l'écosystème universitaire français qui s'intéressait aux MOOCs, se manifestait le souci de disposer d'une plateforme mutualisée, pour des raisons de coûts et d'efficacité, qui soit hébergée en France.

Or, le 1er juin 2013, le consortium à but non lucratif qui avait créé edX a mis son code en open source. Après avis d'une trentaine d'experts de la communauté universitaire, nous avons rapidement décidé de l'utiliser et le projet, validé mi-juin par le cabinet de Mme Fioraso, a été lancé le 12 juillet 2013. Grâce au concours de l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA), du Centre informatique national de l'enseignement supérieur (CINES) qui accueille la plateforme sur ses serveurs à Montpellier et du réseau national de télécommunications pour la technologie l'enseignement et la recherche (RENATER) qui nous a permis d'avoir la bande passante suffisante, il a été mené à terme pendant l'été, et la plateforme a été ouverte en octobre 2013.

Dix établissements - cinq écoles d'ingénieurs et cinq universités - avaient déjà préparé 25 MOOCs. Il y en a aujourd'hui 36, provenant de 16 établissements d'enseignement supérieur français, et portant sur des domaines aussi variés que l'environnement, la santé, le droit, l'ingénierie ou les sciences humaines et sociales. Deux MOOCs portés par l'université de Nanterre, l'un de philosophie et l'autre sur l'histoire de la Grande Guerre, remportent un franc succès. Sciences Po a publié deux MOOCs, sur les humanités scientifiques et les relations internationales. Tous les MOOCs de FUN sont en français à l'exception d'un, en anglais, produit par Sciences Po pour toucher un public plus large. Certains MOOCs sont issus d'une collaboration internationale : ainsi celui sur la santé publique, qui intéresse particulièrement les pays du Sud, a-t-il été élaboré dans le cadre d'un partenariat entre Paris-V et l'université de la Charité à Berlin.

Un MOOC comprend des vidéos de courte durée, suivies en règle générale de questionnaires à choix multiples (QCM) qui permettent à l'apprenant de vérifier qu'il maîtrise bien les concepts. Les apprenants peuvent échanger questions et informations entre eux ou avec les tuteurs et les animateurs qui travaillent avec l'équipe enseignante sur un forum virtuel. Certains MOOCs offrent un Wiki, ou espace de production collaborative entre apprenants. Certains MOOCs organisent des moments de rencontre virtuelle synchrone (« live events ») avec le professeur qui sont très prisées des internautes, même si tous ne peuvent y participer, notamment en raison des décalages horaires. Certaines de ces rencontres peuvent être enregistrées, et réécoutées à la demande. Certains MOOCs peuvent donner lieu à une importante activité de travail personnel ou collectif en dehors des QCM qui fait l'objet d'une évaluation entre pairs. Le grand nombre d'inscrits rendant impossible une correction de tous les travaux par le professeur, l'évaluation entre pairs devient la norme.

Lorsque l'internaute suit le MOOC jusqu'au bout et répond à tous les quizz, il peut recevoir une attestation. Certaines équipes pédagogiques, comme celle qui a réalisé le MOOC de philosophie à Nanterre, ont décidé de ne pas en délivrer. D'autres donnent un document attestant que l'apprenant a suivi le MOOC avec succès. Cette attestation ne mentionne toutefois que l'identité déclarée par l'internaute, qui peut s'être inscrit sous un pseudonyme. L'attestation n'a que la valeur qu'on veut bien lui donner. L'obtention de véritables certificats, souhaitée par certains, se heurte pour l'instant au problème du contrôle de l'identité et des conditions d'examen. Néanmoins, nous faisons des expérimentations en la matière, notamment avec l'Institut Mines-Télécom.

Les 36 MOOCs offerts sur notre plateforme ont suscité environ 300 000 inscriptions, correspondant à quelque 160 000 internautes différents, dont 53 % d'hommes ; le public d'apprenants va des mineurs aux retraités : 14 % des inscrits ont entre 18 et 25 ans, 64 % de 25 à 50 ans. La plupart sont très diplômés et souvent déjà salariés ou en situation professionnelle : 44 % ont un master, 52 % ont un master ou un doctorat, 16 % ont une licence, 11 % un diplôme universitaire de technologie (DUT) et 12 % sont bacheliers. Seuls 3 % n'ont que le brevet ou aucun diplôme. La proportion d'inscrits issus de pays africains - essentiellement du Maghreb ou d'Afrique subsaharienne francophone - est de 12,3 % et augmente chaque mois.

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