L'enseignement en ligne existe depuis longtemps dans le cadre des écoles d'ingénieurs, notamment pour la formation continue. C'est son ouverture qui a rendu son usage massif. La multiplication par cent ou mille du nombre des apprenants change la donne : comment un professeur pourrait-il traiter dix mille messages ?
Établissement public dépendant du ministère du redressement productif, l'Institut Mines-Télécom regroupe treize écoles d'ingénieurs. Après que Jean-Marc Gilliot a proposé il y a trois ans un premier MOOC « ITyPA » (Internet : tout y est pour apprendre »), l'ensemble du groupe a réfléchi à une stratégie commune, qui s'est traduite par un programme de transformation numérique partagé par les treize écoles d'ingénieurs et l'école de management d'Évry, car tous les directeurs sont convaincus que les MOOCs transformeront en profondeur les modalités de formation. À l'ouverture de la plateforme FUN, nous avions déjà trois MOOCs. L'un, consacré aux principes des réseaux de données, a suscité près de 8 000 inscriptions, mais seulement 2 400 personnes ont effectivement commencé à le suivre. En effet, la majorité des apprenants sont déjà formés. Les 20 % qui avaient un niveau bac + 2 ont eu un peu de mal, mais ceux qui étaient en entreprise se sont accrochés, beaucoup plus que les étudiants.
Le coût d'un MOOC est plus proche de 100 000 euros que de 30 000 euros, si l'on prend en compte l'ensemble des charges. Comment l'amortir ? Je ne vois guère que la formation continue diplômante - cette piste reste à explorer.
Pour les étudiants, le cours en amphithéâtre apparaît dépassé, comme le montrent les taux d'absentéisme. La souplesse horaire offerte par les MOOCs convient sans doute mieux.