Le chiffre de 300 000 - ou plutôt de 160 000 - inscrits que vous citez ne m'étonne pas, pas plus que ce que vous dites des seniors, parce que cela reflète une partie des faiblesses de notre enseignement supérieur. J'enseigne à Paris-III en master professionnel ; intégrer une étudiante de 57 ans n'a pas été aisé ; la culture interne universitaire et étudiante ne le facilite pas. Nous ouvrons des cours du soir, mais ils deviennent des ghettos pour les seniors et ne sont pas toujours sanctionnés par un diplôme. Le numérique peut répondre à un besoin de formation tout au long de la vie ; il peut être utile à un public africain, pour lequel oeuvre l'Agence universitaire de la Francophonie (AUF) dans le développement des formations à distance. À la différence de la Grande-Bretagne, la France n'a pas construit d'universités dans ses anciennes colonies : leurs élites devaient venir se former à la Sorbonne, à un coût important, pour finalement ne plus repartir... Il faut voir comment le ministère des affaires étrangères traite l'AUF, dont le budget n'a été sauvé que grâce à l'intervention de parlementaires. La production de MOOCs est plus aisée dans les structures bénéficiant de moyens propres, Paris-III en est la preuve. Les droits d'auteur peuvent constituer un blocage : les universitaires, déjà payés, ne devraient pas en percevoir pour leurs publications universitaires - c'est en tout cas ma pratique. Il faudra définir les modalités de contrôle du savoir issu de ces formations. Les examens en ligne ne sont pas faciles à gérer : il faut accepter de se lever à deux heures du matin... Il reste beaucoup à faire.