Intervention de Thierry Danquigny

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 28 mai 2014 : 1ère réunion
Accès à la formation à l'heure du numérique — Table ronde

Thierry Danquigny, directeur du service enseignement et multimédia (SEMM) de l'université Lille-I :

Nous travaillons notamment avec la Centrafrique et la Guinée : nous rencontrons des problèmes de bande passante, de débit et des coupures de courant - c'est plus simple avec le Moyen-Orient. La seule solution que nous avons trouvée a été de privilégier l'audio. Nous avons tendance à envoyer les fichiers par compact disc (CD) - cela ne fonctionne que parce qu'il s'agit d'un cours en ligne avec un petit effectif et non d'un MOOC.

L'angoisse des enseignants face à des étudiants affûtés se retrouve partout, comme chez le vendeur confronté à un client plus averti que lui. Dans la configuration de la classe inversée, l'enseignant n'a plus l'avantage de la surprise dans son cours. L'enseignant n'est parfois même plus le seul expert. Pour l'avoir expérimentée, je sais que les étudiants ont du mal à s'y mettre : c'est un peu une double peine, ils doivent travailler avant, pendant, après, alors que dans un cours classique, ils travaillent pendant et ne sont pas obligés de travailler après... Cela ne fonctionne bien souvent que pour des masters.

La question du contrôle est un sujet de recherche : il y a certainement des thèses en cours sur ce sujet. Des sociétés fournissent aujourd'hui le service de contrôler à distance les étudiants par une webcam, ou encore la biométrie. Rémi Bachelet a utilisé un tel service à l'École centrale de Lille. Ce qui est beaucoup retenu actuellement est le contrôle par les pairs : des étudiants sont désignés pour corriger des copies, dans une correction collaborative, qui peut être supervisée. Les effectifs sont importants au début, mais il n'y a plus grand monde à la fin. Un MOOC a ainsi rassemblé 1 400 inscrits, dont seuls 800 se sont connectés, 400 ont suivi les cours et 200 ont obtenu la certification.

Nous avons du retard sur les États-Unis, qui ont commencé dans les années 2000 ; les Américains se rendent compte maintenant du problème que représente le manque de contact physique. Si nous utilisons une telle technique en Afrique, c'est qu'il n'y a rien d'autre ! C`est mieux que rien. Mais ce qui est encore préférable, c'est des locaux, des enseignants formés sur place, une infrastructure. Le numérique n'efface pas la nécessité de mettre tout cela en place, avec le budget nécessaire, dans les pays concernés. L'AUF a critiqué les travaux pratiques virtuels pour cette raison : ils n'incitent pas les universités à s'équiper. En classe inversée, cela peut servir à préparer la manipulation qui sera faite ensuite sur de vraies machines et qui reste indispensable.

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