Intervention de Catherine Mongenet

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 28 mai 2014 : 1ère réunion
Accès à la formation à l'heure du numérique — Table ronde

Catherine Mongenet, responsable du programme « France Université Numérique » (FUN) au ministère de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche :

Sur l'utilisation des données, la communauté universitaire a les mêmes préoccupations que vous. C'est pourquoi notre déclaration à la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) est limpide : hébergement à Montpellier et aucun usage commercial de ces données. En revanche, l'analyse des données d'apprentissage sera cruciale pour savoir comment enseigner et comment évaluer. FUN mène un travail important avec des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de l'INRIA pour anonymiser les données et les mettre à disposition des chercheurs français pour enrichir notre compréhension des processus d'apprentissage.

La plateforme FUN est en français, mais nous savons que des internautes voudraient une interface dans leur langue. Le travail qu'a fait edX offre à l'utilisateur une interface dans sa langue. Les cours de santé publique sont dispensés en français, en allemand et en français. Il est envisagé que certains MOOCs soient traduits ; nous développons un partenariat avec des start-up qui rendent plus faciles la production de verbatim et le sous-titrage, dont de nombreux usagers, même francophones, peuvent avoir besoin.

FUN a signé une convention de partenariat avec l'AUF, qui accompagne la promotion dans le monde francophone des MOOCs français et expérimente la certification d'internautes inscrits sur des MOOCs des pays du Sud dans des campus numériques de l'AUF ; la cellule d'appui FUN accompagne des établissements des pays du Sud qui veulent se lancer dans des MOOCs et propose de les héberger. L'AUF a lancé il y a trois ou quatre mois un appel d'offres réservé aux pays du Sud : cinq ou six MOOCs seront financés par l'AUF et hébergés sur notre plateforme. Nous avons aussi des projets de MOOCs construits en commun par des universités françaises et des pays du Sud, tel celui de Marseille et Bamako sur le paludisme ou ceux de l'Académie des sciences co-construits avec des enseignants en biologie et en mathématiques sur place au niveau licence pour répondre aux problèmes de massification et de manque d'enseignants en Afrique.

Il ne faut pas voir les MOOCs et le numérique comme un vecteur d'économies, mais comme des outils qui changent les pratiques des enseignants. Certains professeurs sont géniaux en amphi : cela continuera. Mais la valeur ajoutée n'est pas toujours aussi évidente, comme lorsque 3 000 étudiants en première année de médecine suivent un cours, 300 avec le professeur, et le reste dans une demi-douzaine d'amphithéâtres différents grâce à la vidéo. Les étudiants iront sur le campus pour approfondir, pour mener à bien des études de cas ou des travaux collectifs. Ce n'est que quand on regarde l'élève qu'on sait qu'il a compris.

Les pratiques pédagogiques devront se transformer grâce au levier de la formation et de l'accompagnement. Le métier de professeur devient plus collectif qu'autrefois, et nécessite plus d'appuis au travers des services dédiés dans les établissements. C'est la raison d'être de l'action du plan Fioraso qui prévoit que 10 % des 1 000 emplois créés chaque année seront dédiés au numérique, soit 500 emplois sur le quinquennat. Un autre levier est la reconnaissance ; la direction générale pour l'enseignement supérieur et l'insertion professionnelle travaille dessus avec le conseil national des universités (CNU). L'opportunité, c'est que le numérique donne lieu à des productions visibles, évaluables comme le sont les productions de recherche, qui donnent une visibilité au-delà du cercle des étudiants.

Open education Europa est un portail agrégateur, qui rassemble des contenus hébergés sur des plateformes ; FUN est à la fois plateforme et portail agrégateur, pour mettre en valeur tous les MOOCs français quelle que soit la plateforme sur laquelle ils sont diffusés.

Certains internautes usagers du MOOC mis en place par le Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) « Du manager au leader » aimeraient le valoriser au-delà de l'attestation qui leur est fournie dans le cadre de leur droit individuel à la formation (DIF). Le CNAM réfléchit donc à une certification.

Les MOOCs ne doivent pas être l'arbre qui cache la forêt. L'enjeu est la transformation des formations avec une part de numérique. Sont concernés aujourd'hui des licences et des masters, dont 200 sont intégralement en ligne.

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