Intervention de Annick Girardin

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 15 octobre 2014 : 1ère réunion
Loi de finances pour 2015 — Audition de Mme Annick Girardin secrétaire d'etat au développement et à la francophonie

Annick Girardin, secrétaire d'Etat :

Une précision tout d'abord : le milliard de dollars consacré au Fonds vert proviendra en partie de financements innovants.

Les difficultés de décaissements du FED tiennent aussi à ce que les pays sont parfois mal équipés pour remplir des dossiers complexes à monter et fournir les justificatifs exigés. Il faut les accompagner. C'est la même chose pour nos régions vis-à-vis du Feder... Je puis en témoigner parce que les collectivités d'outre-mer, en tant que territoires associés à l'Union européenne, relèvent du FED.

Nous avons demandé aux ambassadeurs et aux chefs de service de coopération de valoriser systématiquement la part de la France dans les projets réalisés en multilatéral. Nous contribuons au FED pour 20%, rappelons-le ! Nos partenaires oublient trop souvent notre contribution multilatérale.

Vous avez raison, la communauté internationale a tardé à réagir face à Ebola. Nous disposions d'informations dès avril. Les Nations unies n'ont pas été réactives. Il a fallu attendre le vibrant appel de Médecins sans frontières. La France s'était mobilisée dès juillet. Mon cabinet réfléchissait dès cette époque à l'ouverture de centres médicaux en Guinée, au soutien à l'Institut Pasteur, à l'envoi de matériel, etc.

Il y a urgence, parce que l'épidémie est devenue pandémie. Il faut, comme la France le fait en Guinée forestière, agir là où le mal sévit. Nous devons aussi demander à nos partenaires d'installer des filtres à la sortie des pays - nous en mettrons en place sur les vols Paris-Conakry. Ne tournons pas le dos à la Guinée. Les relations économiques doivent se poursuivre. Parce que les gens n'ont plus confiance en leur système de santé, on meurt désormais de simples diarrhées, d'absence de césarienne, d'accouchements dans des conditions sanitaires détestables... Si nous ne traitons pas la maladie sur place, elle arrivera chez nous. Nous tenons des réunions interministérielles. Nous avons nommé un ambassadeur Ebola. L'équipe nationale de Guinée a été renforcée. Un deuxième centre de traitement sera ouvert, puis un troisième bientôt. Nous mobilisons aussi nos partenaires européens et des pays francophones, comme le Canada. La Guinée a demandé leur soutien parce que la dimension linguistique est importante : il est nettement préférable de se faire soigner dans sa langue natale. Le responsable de la cellule Ebola des Nations unies en Guinée parle peu le français, le président guinéen le regrette.

Le sommet de la francophonie n'est pas menacé. Le seul cas déclaré au Sénégal a été résolu. Le système de santé sénégalais peut répondre à ces problématiques. Il sera dur de remplacer M. Abdou Diouf, qui a beaucoup apporté à l'OIF. Nous avons des critères à poser. Il faudra aussi déterminer qui accueillera le prochain sommet de la Francophonie : Haïti ou Madagascar ? Nous devons réorienter l'organisation vers de nouveaux secteurs : la lutte contre la pauvreté, les politiques en faveur des femmes et de la jeunesse restent primordiales, mais il faut aussi mettre l'accent sur le développement économique. Il y a cinq candidats au poste de secrétaire général de l'OIF. La France, qui n'a pris aucune position officielle, attend que les pays africains trouvent un consensus. Il est de tradition que le secrétaire général vienne du Sud et son adjoint du Nord ; le débat est ouvert avec une candidature du Nord. La France n'a pas de candidat.

Il importe que l'OIF entre dans une nouvelle dynamique pour répondre aux enjeux du XXIe siècle. L'explosion démographique a lieu principalement dans les pays francophones. L'OIF a toute sa place à jouer dans les futures politiques d'éducation ou d'emploi à l'égard de cette jeunesse. Les dirigeants du Niger ou de la Côte d'Ivoire, par exemple, que j'ai rencontrés à New York, sont conscients des enjeux et des politiques à mener. Ils seront épaulés par des fondations et nous les soutiendrons.

Enfin, en Asie, l'aide multilatérale se monte à 35 millions d'euros par an, principalement avec la Banque asiatique de développement. L'AFD travaille ponctuellement avec le Viêt-Nam et le Laos par exemple. Sans coût financier, l'AFD intervient aussi beaucoup en Chine ou en Indonésie sur les questions de climat, de déforestation, de montée des eaux, etc. La France a une expertise à apporter pour faire face à ces défis. La priorité est donnée au continent africain qui représente 85% de nos efforts financiers. Je souhaite relancer la collaboration avec l'Asie. Je me rendrai avant la fin de l'année en Birmanie, puis en Asie du Sud-Est pour aborder les questions de développement et la francophonie. Cette région avait peut-être été délaissée par le passé, nous revoyons nos collaborations à la lumière des actions que nous voulons mener en matière de santé, de jeunesse et de changement climatique.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion