Intervention de Jacques Legendre

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 4 février 2015 : 1ère réunion
Russie — Audition de Mme Hélène Carrère d'encausse secrétaire perpétuel de l'académie française

Photo de Jacques LegendreJacques Legendre :

Il me semble difficile de défendre les droits des Ukrainiens à conserver la Crimée contre la volonté de la majorité de la population. Je me suis rendu à Kiev, lors des élections au printemps dernier, comme observateur pour le Conseil de l'Europe. L'ambassadeur de France me disait que si les Ukrainiens avaient perdu la Crimée, les Russes avaient perdu l'Ukraine. Vous ne nous avez pas dit comment a évolué l'opinion publique dans la majorité de l'Ukraine ? C'est un territoire ambigu qui a été tenté par l'indépendance dès le XVIIe siècle ; et qui, après 1918, a eu un président, Simon Petlioura, finalement assassiné à Paris. Cette aspiration n'est pas moins légitime que celle des Kazakhs, ou d'autres peuples de l'ex-URSS. Il ne faut pas sous-estimer la volonté de ce pays d'exister comme nation européenne, sur le modèle de la Pologne voisine, dont le niveau de vie a considérablement augmenté depuis qu'elle a rejoint l'Union européenne. Il est normal que les Ukrainiens se demandent « pourquoi pas nous ? ». Cela n'impliquerait pas nécessairement de mauvais rapports avec la Russie... Les discours que j'ai entendus dans la bouche des délégués russes à l'Assemblée du Conseil de l'Europe il y a quelques jours nous renvoient quarante ans en arrière, à l'époque de la guerre froide. M. Poutine ne joue-t-il pas sa place au pouvoir, dans l'affaire de l'Ukraine ?

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