Il faut exclure l'Otan, pas l'Union européenne - à la condition que celle-ci n'exclue pas les Russes. Mais pour l'heure, M. Porochenko entend rejoindre l'Otan. On sait le rôle qu'a joué pendant la guerre froide la diaspora polonaise, qu'on désignait parfois comme le « polintern ». À présent, la diaspora ukrainienne - qui était déjà active alors - est puissante en Amérique du nord, influente auprès des intellectuels, des milieux universitaires ou des militaires américains. Or, elle souhaite l'adhésion à l'Otan, et l'Ukraine a manifesté ce désir très tôt.
La volonté européenne de la Russie dans les années quatre-vingt-dix a été claire lorsque, après M. Gorbatchev et la « maison commune », M. Eltsine a déclaré « nous sommes des Européens ». La Russie, qui venait de perdre un empire, n'a rien fait pour empêcher ses marches de glisser vers l'Europe. Lorsque les négociations de voisinage ont débuté au début des années 2000, les Russes n'ont pas non plus protesté. Les choses se sont gâtées à partir de 2006, avec l'ébauche du grand partenariat oriental, où il s'agissait pour la Commission européenne de dessiner une frontière qui s'arrêtait à la Russie. Alors, celle-ci a réagi. L'identité russe, qui était proche de l'Europe, tend depuis lors à basculer vers l'Asie et cela est inquiétant.
La Russie a-t-elle des visées sur les Etats baltes ? La doctrine de protection des minorités russes n'a pas toujours été celle que nous voyons à l'oeuvre en Ukraine orientale. En Asie centrale et dans le Caucase, durant la période récente, les minorités ont dû refluer, elles se sont vues octroyer un statut insatisfaisant. Certaines publications, en Russie, évoquaient les « frères abandonnés », comparaient leur sort à celui des pieds-noirs. Or le gouvernement russe n'a rien fait ! Cette fois, le sort de la minorité russe a fourni l'occasion de reprendre la perle de l'empire. M. Poutine ne serait pas allé la chercher, mais avec les mesures interdisant à ses habitants l'usage de leur langue, elle lui a été offerte sur un plateau d'argent !
Je suis allée à Sotchi pour l'inauguration des Jeux olympiques. Autrefois cette station balnéaire était si laide que seuls les membres les plus insignifiants de la nomenklatura y allaient en villégiature.