Intervention de Hakki Akil

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 21 janvier 2015 : 1ère réunion
Audition de s.e. M. Hakki Akil ambassadeur de turquie en france

Hakki Akil, ambassadeur de Turquie en France :

Cette direction générale ne va pas exactement de pair avec la notion de laïcité française. Avec la démocratisation du régime et le passage au multipartisme, la laïcité a changé de forme. Nous nous sommes rendu compte que le kémalisme et la laïcité servaient de prétextes aux militaires pour mener leurs coups d'Etat : prétendant que la laïcité était en danger, ils se sentaient le droit d'intervenir militairement et de changer le gouvernement !

Aujourd'hui, la laïcité en Turquie a évolué vers une conception anglo-saxonne. Les gouvernements successifs ont en effet rencontré beaucoup de difficultés avec la laïcité militante à la française. Une famille turque ne pouvait envoyer une jeune fille à l'université sous prétexte qu'elle portait un foulard, alors que ce n'était pas le cas en France, en Allemagne ou aux Etats-Unis ! L'exemple de feu le président Turgut Özal est de ce point de vue remarquable : quand il a voulu pour la première fois se rendre à la prière du vendredi, les journaux ont titré sur l'arrivée du fondamentalisme et la fin de la laïcité en Turquie ! En tant que Musulman, il était bien tenu de se rendre à la mosquée pour la prière du vendredi...

De nos jours, les choses se stabilisent. La compréhension de la laïcité a évolué : l'État est laïc, mais les individus peuvent être athées, croyants, Musulmans, Chrétiens, Juifs. L'État doit être à équidistance de toute croyance et garantir la liberté dans ce domaine, sans se mêler de la vie quotidienne des religions. Voilà où nous en sommes.

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