Intervention de Daniel Percheron

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 29 octobre 2014 : 1ère réunion
Réforme territoriale — Table ronde avec les associations d'élus

Photo de Daniel PercheronDaniel Percheron :

Il faudrait être Fernand Braudel pour faire porter sa voix en ces journées décisives où le débat se tend vers l'avenir du territoire et de ses identités. Les régions, même dans leur configuration actuelle, seront demain un maillon décisif. Ce n'est pas l'entreprise, mais bien le territoire qui est la clé de l'adaptation du pays à la mondialisation. Pour moi, je forme le voeu que département et région assument main dans la main des responsabilités qui évoluent. La césure opérée entre collège et lycée a été une blessure pour l'éducation dans notre pays. À Denain, ville qui a perdu entre 900 et 1 000 emplois, la filière générale compte 30 % d'enfants en difficulté, la filière professionnelle 85 %. À l'heure de l'enseignement de masse, on a orienté bien des élèves sur des quais où les trains ne passeront pas... Parce que les professionnels ont refusé le principe de l'orientation, nous ne corrigeons pas les inégalités sociales dans la machine scolaire, alors que nous sommes parmi les pays qui dépensent le plus en faveur de l'éducation. Il est temps d'en finir avec la querelle historique de l'apprentissage, qui prendra toute sa place dès lors que nous fonctionnerons dans une logique d'ensembliers.

La culture ? Je suis favorable à ce qu'elle comporte un partage. Si la région dépense aujourd'hui beaucoup plus que l'État en faveur de la vie culturelle de la communauté, c'est qu'entre le sommet budgétaire et créatif des années Lang et aujourd'hui, le budget de la culture s'est amenuisé. Mais cet étiage n'est-il pas aussi le fruit de l'action brouillonne et conjuguée des collectivités, qui feraient bien d'apprendre à s'emparer de ce relais de transmission qu'est la télévision locale ? Qu'un concert à l'opéra soit retransmis par France 3, et l'on passe aussitôt de 2 000 abonnés à 400 000 auditeurs. Je l'ai constaté dans ma région. Faute d'un tel relais, une subvention de 100 millions d'euros versée par l'État équivaut à une dépense de quelque 100 euros par siège ! Craignons que certains n'en viennent à trouver cela disproportionné.

En matière de sport, je me vis comme ces évêques du Moyen-Âge qui bâtissaient une cathédrale pour y rassembler leur ville. Aujourd'hui, nous bâtissons des stades pour rassembler, dans la fraternité, notre population. Mais il nous faut obtenir de l'État une définition du modèle économique des sports que nous accompagnons. Nos subventions deviennent dérisoires. Y remédier suppose de remonter au niveau des intercommunalités ce qui relève du sport de haut niveau.

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