C'est assurément un système à l'échelle du territoire !
Dans le cas de l'électricité, on a voulu réaliser un marché européen de l'électricité, ce qui a beaucoup de sens, tout en conservant des régulateurs nationaux. Or, pour parvenir à un marché européen de l'électricité, il faut qu'il existe une certaine concurrence sur la place européenne. Des transits européens sont donc nécessaires et il faut que les interfaces entre les pays soient développées. Les pays doivent également accepter le passage de l'électricité sur leur territoire, comme dans le cas de la Belgique, etc., qui constitue un pays de transit.
L'électricité suit comme vous le savez les lois de Kirchhoff, et se répand partout. Envoyer de l'électricité de Toulouse à Pise modifie les flux dans toute l'Europe. Le système devrait être européen, avec des régulateurs européens, ce qui pose des problèmes de souveraineté.
La concurrence, dans le domaine des chemins de fer, devrait être également s'exercer à l'échelon européen. Je ne pense pas qu'il faille forcément plus de concurrence au sein de chaque territoire. Dans le cas de l'électricité, on peut avoir de grands opérateurs étrangers qui concurrencent les opérateurs français afin de mieux servir les consommateurs français mais, pour ce faire, des capacités d'interface importantes entre pays sont nécessaires. Il vaut donc mieux réguler le système à l'échelon européen.
On l'a fait avec l'Union bancaire, qui se révèle être une très bonne chose, même si le diable est dans les détails.
Dans le secteur de la banque, les choses sont plus compliquées. Certains problèmes européens devraient en effet être traités au niveau mondial. J'ai évoqué les bénéfices des chambres de compensation et des marchés centralisés, où l'on rencontre bien plus de transparences que sur les marchés de gré à gré. Il s'agit toutefois d'opérateurs mondiaux qui pourraient eux-mêmes commettre des erreurs et faire faillite. Que se passerait-il alors ? Qui apporte la liquidité ? Est-ce la FED, la BCE ? Qui joue le rôle de régulateur ? La régulation doit être mondiale.
Cette gouvernance mondiale est également nécessaire en matière d'évasion fiscale, ou de changement climatique. Les pays sont trop petits, l'Europe aussi ! Il faut admettre une certaine perte de souveraineté, ce qui peut entraîner des conflits, tous les pays n'ayant pas les mêmes intérêts.