Oui, le sombrero, qui n'aura rien coûté à celui qui le porte ! Des cadres dirigeants bénéficient ainsi d'un régime de retraite supplémentaire provisionné par leur entreprise pour des montants importants. C'est une forme de rente qui n'est corrélé à aucune performance. Le code de bonne conduite Afep-Medef recommande de le conditionner à une stabilité dans l'entreprise. Certains, qui l'avaient obtenue après un passage assez bref à la tête d'une entreprise, y ont renoncé, comme Philippe Varin. La retraite chapeau de Gérard Mestrallet, elle, est conforme aux prescriptions de ce code et l'État l'a approuvée en septembre 2011, comme celle d'autres dirigeants de GdF-Suez. Nous devons faire preuve de responsabilité en ne remettant pas en cause cette décision de l'État au seul motif qu'elle a suscité une polémique. Néanmoins, notre devoir est de réfléchir à ce qu'il convient de faire, dans un esprit de responsabilité. Il me semble préférable de revenir vers un régime de droit commun. Notre économie gagnerait à favoriser la performance des chefs d'entreprises en les payant mieux, sans leur donner de fausses compensations par des rentes mal ficelées... soumises du reste à une fiscalité de 70 %.
Ce n'est pas le CICE, mais le Pacte de responsabilité qui se chiffre à 40 milliards d'euros sur les trois ans à venir. Une évaluation par le Commissariat général à la prospective a montré que les entreprises s'étaient saisies de l'instrument qu'on leur proposait. Le CICE fonctionne, y compris dans les PME. Les experts comptables disent que certaines entreprises ne le demandent pas par crainte d'un contrôle fiscal : les contrôles existent en France, mais sans lien avec le CICE !
L'objectif de cet allègement des charges et des impôts pendant trois ans est de restaurer les marges des entreprises. En 2012, elles ont atteint un niveau historiquement bas, à cause d'une fiscalité trop lourde, d'une dynamique salariale beaucoup plus développée qu'en Allemagne, d'un mauvais positionnement de nos entreprises sur le marché, les empêchant de monter en gamme. Le vrai moyen de rétablir notre compétitivité, c'est de monter en gamme et d'innover. Dans beaucoup de secteurs, nous avons échoué à prendre cette voie. L'automobile, par exemple, a privilégié les modèles du milieu de gamme et elle a été victime de la concurrence des pays à bas coûts. Il nous faudra du temps pour restaurer notre politique d'innovation - de cinq à dix ans. Cela ne se fera pas sans prendre des initiatives pour le développement et l'investissement - CICE et pacte de responsabilité. Dans l'immédiat, l'urgence est de restaurer les marges des entreprises, afin qu'elles puissent embaucher. Il revient au patronat de conduire les négociations de branches auxquelles il s'est engagé. C'est indispensable pour la réussite de notre économie. Ne répétons pas nos erreurs passées, lorsque la France préférait augmenter les salaires et les dividendes, plutôt que d'embaucher. La création d'un pacte productif dans l'entreprise passe par un changement collectif de mentalité : nous devons associer les salariés aux discussions, gagner en transparence, investir et embaucher.
Quant aux prud'hommes, une concertation est en cours avec les syndicats. L'esprit du paritarisme sera préservé, sans pour autant perdre en efficacité. Certes, nous devons nous concerter avec les syndicats et les organisations patronales. Cependant, même si la démocratie sociale doit pouvoir s'exercer, c'est aux décideurs politiques de réformer les prud'hommes.
Sur les interventions de la BCE, chacun s'interroge : « en ont-ils parlé ou pas ? ». Or, précisément, pour qu'elles fonctionnent efficacement, il ne faut pas trop en parler. La banque centrale européenne peut acheter de la dette des États souverains et avoir ainsi un impact macroéconomique pour nos économies. Cependant, il manque un consensus au sein du Conseil des gouverneurs. Mario Draghi a dit que la zone euro avait besoin d'un choc macroéconomique. Quoi qu'il en soit, il ne sert à rien de mettre la BCE sous pression. C'est en créant les conditions politiques qui permettront à l'institution de décider que nous arriverons à une action efficace. Pour la France, cela signifie réussir ses réformes ; pour l'Europe, affirmer son leadership. En juillet 2012, Mario Draghi a fait une déclaration forte qui a calmé le feu dans la zone euro. Cela n'aurait pas été possible si, le mois d'avant, sous l'impulsion du nouveau président François Hollande, les gouvernements n'avaient pas trouvé un accord pour préserver l'unité de la zone euro. Sans ce momentum politique, la BCE n'aurait pas pu prendre de décision.
La loi de transition énergétique pour la croissance verte comporte des mécanismes d'incitation pour l'offre et la demande - la rénovation thermique, notamment. Le PIA 2 consacre plus de 12 milliards d'euros de crédits à la transition énergétique, que ce soit en travaux sur les bâtiments ou en mobilité durable. Il y a là un levier de croissance pour le BTP.