Intervention de Aymeri de Montesquiou

Réunion du 17 juin 2009 à 14h30
Conseil européen des 18 et 19 juin 2009 — Débat sur une déclaration du gouvernement

Photo de Aymeri de MontesquiouAymeri de Montesquiou :

… le coût de remplissage étant de 5 milliards de dollars.

Enjeux stratégiques et confiance réciproque sont primordiaux dans les relations entre les fournisseurs et les consommateurs. Ainsi, la Russie, qui a toujours tenu ses engagements, a formulé plusieurs propositions pour résoudre les problèmes récurrents avec l’Ukraine et ses relations avec ses clients.

La constitution d’une société internationale composée pour un tiers de Gazprom, un tiers de Naftogaz Ukraine et un tiers de sociétés des pays importateurs garantirait pour l’avenir le bon fonctionnement du transit et la gestion des stockages et définirait des objectifs partagés par toutes les parties concernées. L’Union européenne ne doit pas faire défaut sur ces questions qui engagent son avenir et sont sources de conflits, d’incertitudes et d’investissements irrationnels.

Le projet russe de traité international comme alternative à la Charte de l’énergie, qui ne concerne aujourd’hui, dans les faits, qu’une minorité de pays, insiste sur le transit du gaz, mentionne le nucléaire parmi les énergies conventionnelles et surtout autorise son accès aux marchés internationaux. Ces positions doivent être négociables, reformulables, sans doute améliorables, mais pourquoi refuser un dialogue a priori ?

La prépondérance de la Russie doit stimuler les autres pistes de diversification énergétique. Je mentionnerai le gaz naturel liquéfié, dont le commerce est non plus régional, mais international ; son transport par méthaniers et non par tubes permettra plus de souplesse dans les négociations.

La sécurité énergétique de l’Union étant en question, il faut appliquer au plus vite les priorités de la présidence tchèque : d’abord, le partenariat oriental, qui vise à promouvoir un espace de sécurité, de stabilité et de prospérité dans lequel l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables comme l’intégration du marché de l’électricité sont privilégiées ; ensuite, le corridor Sud, nouvelle route de la soie, permettant la participation d’États tiers sur le principe du cas par cas ; ce corridor transcaspien reliera l’Union européenne aux pays d’Asie centrale.

Enfin, la Commission a présenté, le 10 juin dernier, sa stratégie européenne pour la Baltique, programme prioritaire en matière d’écologie et de développement durable. Le gazoduc Nord Stream, qui doit la traverser, pose un problème environnemental. C’est pourquoi la Suède et la Finlande y sont réticentes. Certains États européens sont, à l’inverse, très engagés ; il faut trouver une réponse commune, de nature politique et compatible avec le droit européen.

Je n’oublie pas le projet Nabucco, cité comme une priorité dans plusieurs documents, mais dont la réalisation est encore très problématique ; le gazoduc russo-italien South Stream, qui éviterait l’Ukraine en passant sous la mer Noire, est en bonne voie de réalisation prochaine.

Cette énumération – peut-être un peu trop longue, mais indispensable, car la sécurité est un problème majeur – concerne, je le souligne de nouveau, des projets aléatoires. L’Union n’est pas à même aujourd’hui d’encaisser les à-coups qui pourraient survenir dans son approvisionnement.

Telles sont, en résumé, les incertitudes orientales de l’approvisionnement énergétique de l’Union, qui est vital. Pour les lever, il faudrait une diplomatie opérationnelle et non pas que le Conseil se résigne à « un échange de vues sur deux ou trois sujets d’actualité internationale intéressant les chefs d’État ou de gouvernement ». Monsieur le secrétaire d’État, que signifie cette formulation floue, dérisoire et consternante ?

En conclusion, donnons une réponse positive à Chateaubriand qui s’interrogeait avec mélancolie dans ses Mémoires d’outre-tombe sur l’avenir de l’Europe : « La vieille Europe, elle ne revivra jamais ; la jeune Europe offre-t-elle plus de chances ? »

Que la France, par son exécutif et par son Parlement, fasse que cet espoir devienne réalité !

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