C'est avec un grand plaisir que nous vous accueillons pour cet échange devant notre commission. Vous êtes président du parlement de votre pays, le Monténégro, depuis 2003 et président de l'assemblée parlementaire de l'OSCE depuis juin 2013.
Ces deux fonctions éminentes vous mettent au coeur des deux problématiques que je vous propose d'aborder au cours de notre échange : d'une part, la volonté du Monténégro de rejoindre l'Union européenne et aussi l'OTAN et, d'autre part, le rôle joué par l'OSCE dans la résolution des crises régionales - je pense bien évidemment à la crise ukrainienne.
Depuis 2006, après la séparation par référendum d'avec la Serbie, votre pays est indépendant. Vous avez signé très rapidement un accord d'association et de stabilisation avec l'Union européenne, en 2007. Il est entré en vigueur en 2010, année où vous avez obtenu le statut de candidat.
Vous êtes donc dans le processus de négociation, et celui-ci porte principalement sur les chapitres 23 et 24, qui traitent du pouvoir judiciaire, de la justice et des droits fondamentaux. L'un des enjeux sera pour vous la réforme de l'administration, en particulier sa dépolitisation et sa professionnalisation, la lutte contre la corruption et l'Etat de droit. Comme vous le savez, ces réformes conditionnent pour notre pays, et aussi pour l'Allemagne, l'ouverture de nouveaux chapitres.
Vous vous êtes fixé comme objectif une adhésion en 2020, ce qui suppose une bonne fin des négociations courant 2018. Il s'agit donc de délais très courts.
S'agissant de l'OTAN, vous êtes également dans une perspective d'adhésion, le plan d'action pour l'adhésion, le MAP, étant entré en application depuis 2009. J'observe que votre pays participe aux opérations au Mali et en Centrafrique avec, dans chaque cas, un officier détaché.
Je crois comprendre que votre opinion publique, si elle est très largement favorable à l'adhésion à l'Union européenne, est plus réticente en ce qui concerne l'OTAN. Les tensions avec la Russie interfèrent bien évidemment sur la décision et le vote des pays membres.
Il est vrai que le Monténégro a des relations étroites avec la Russie, non seulement du point de vue économique mais qui s'inscrivent aussi dans une perspective historique, puisque vos soldats ont combattu aux côtés des armées russes dans les guerres d'Illyrie contre les armées napoléoniennes.
Ces liens n'empêchent pas votre politique étrangère de soutenir fermement les positions de l'Union européenne et de l'OTAN dans la crise ukrainienne. Ces positions, qui s'ajoutent à votre condamnation de l'invasion de la Crimée et à votre refus d'accepter dans vos ports des escales de la flotte russe, tendent vos relations avec la Russie qui est, et demeure, votre premier partenaire économique.
Nous serions évidemment très intéressé de connaître vos analyses sur l'évolution de cette crise majeure au moment où le nouveau président ukrainien, M. Porochenko, vient de faire une proposition de cessez-le-feu et où les insurgés envisagent de libérer les observateurs de l'OSCE retenus scandaleusement en otage.