Effectivement, il est toujours possible d'avoir des regrets, mais l'administration Obama, bien plus que celle de ses prédécesseurs, a investi énormément de capital dans l'établissement de nouvelles relations avec Moscou, y compris de capital politique sur le terrain intérieur et ce malgré les critiques. La logique du reset correspondait à une vraie vision stratégique de la part de M. Obama, comme l'idée que l'intérêt à long terme de la Russie était davantage avec l'Europe et avec l'Occident qu'avec l'Asie et la Chine constituait notre vision stratégique.
Mais, quelle que soit notre perception des intérêts stratégiques de long terme de la Russie, il y a eu un intérêt, pour M. Poutine et pour M. Medvedev avant lui, de mobiliser la menace de l'OTAN à des fins de politique intérieure. Dans un contexte où les faiblesses structurelles de la Russie sur les plans démographique, économique et de santé publique par exemple, pourraient menacer la puissance russe à moyen terme, il n'y a rien de plus fédérateur qu'une confrontation, sur le registre du passé.
J'ai le sentiment que les Européens ne sont pas responsables de cette situation et que dans les relations OTAN-Russie tous les efforts ont été faits pour mettre en oeuvre les objectifs du Sommet de Lisbonne afin d'avancer ensemble sur la défense anti-missile et d'autres sujets. Mais nous nous sommes aperçus que le coût en termes de politique intérieure russe -la perte d'un adversaire- d'un arrangement avec l'OTAN sur la DAMB était beaucoup plus élevé que les gains éventuels en termes de transparence et de contrôle partagé. C'est pourquoi nous n'avons jamais véritablement avancé sur la défense anti-missile avec la Russie.