Intervention de Ségolène Royal

Réunion du 10 février 2015 à 14h30
Transition énergétique — Discussion en procédure accélérée d'un projet de loi dans le texte de la commission

Ségolène Royal, ministre :

J’y vois, pour ma part, une attitude particulièrement constructive, qui place nos débats sous d’excellents auspices.

Mesdames, messieurs les sénateurs, le projet de loi que je vous propose n’accumule pas des contraintes supplémentaires. Il met à la portée de chaque acteur de la croissance verte des moyens concrets de s’impliquer. Il incarne une écologie positive qui lève les freins, libère les initiatives et accroît la liberté d’entreprendre pour apporter dès aujourd’hui des bénéfices concrets, notamment en termes d’emplois.

Ce projet de loi n’oppose pas les énergies les unes aux autres ; il organise leur complémentarité dans la perspective d’un nouveau modèle énergétique, évolutif et plus diversifié.

C’est un texte d’équilibre, qui vise à permettre à la France de tirer le meilleur parti des nombreux atouts qui sont les siens ; les atouts que notre histoire nous a légués et qui sécurisent notre transition énergétique ; les atouts qui nous permettent de devenir une puissance environnementale de premier plan, grâce à ces énergies renouvelables très diverses dont dispose notre pays, y compris outre-mer.

La France possède aussi le deuxième domaine maritime mondial. Elle a le premier potentiel agricole – d’où l’importance de la biomasse, sur laquelle vous avez d'ailleurs mis l’accent au cours de vos travaux – et le troisième potentiel forestier européen.

Ensuite, ces atouts, nous les devons à l’excellence de nos chercheurs et de nos ingénieurs, aux talents et aux savoir-faire de nos grands groupes, mais aussi de nos PME et de nos artisans. Nous les devons à la capacité d’initiative et à l’envie de participer des citoyens, à la motivation et à l’engagement de tous les élus de nos territoires, au-delà des clivages politiques, comme je le constatais encore hier, je le répète, en félicitant les lauréats des territoires à énergie positive pour la croissance verte.

Nous débattons aujourd’hui du projet de loi sur la transition énergétique. Nous débattrons bientôt du projet de loi sur la biodiversité. Ils sont, l’un et l’autre, complémentaires, car leurs enjeux sont intimement liés.

On le sait, le dérèglement climatique aggrave l’érosion de la biodiversité, fragilise les écosystèmes qui nous rendent pourtant des services vitaux – j’y insiste –, les espèces végétales et animales n’ayant plus le temps de s’adapter – en quarante ans, quelque 52 % des espèces vertébrées ont disparu de la planète –, menace les forêts, les mers, les récifs coralliens, les terres qui nous nourrissent, l’eau sans laquelle il n’est pas de vie possible et pour laquelle, déjà, bien des conflits se dessinent.

Néanmoins, de cela peut aussi sortir le meilleur, car une biodiversité intelligemment préservée et valorisée limite les émissions de gaz à effet de serre et les pollutions, atténue la dérive climatique et protège mieux de ses conséquences. C’est vrai, entre autres, des forêts côtières et des mangroves, qui ralentissent le déferlement des inondations, des apports de l’agro-écologie et du génie écologique ou du retour de la nature en ville, où, par exemple, l’effet rafraîchissant des arbres protège des canicules urbaines.

Mesdames, messieurs les sénateurs, le premier sommet de la Terre proclamait en 1972 : « Tout être humain a deux patries, la sienne et la planète ». Le projet de loi qui vous est présenté doit nous permettre de prendre efficacement soin de l’une et de l’autre, de donner aux Français l’espoir et les moyens de vivre mieux, en créant les emplois qui les y aideront, dans un pays qui reprend en main son destin énergétique et qui, plus largement, peut à nouveau inventer son avenir.

Vous le voyez bien dans les territoires dont vous êtes les élus, parce que vous êtes actifs et que vous vous engagez, …

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