Nous devons avoir une vision, c'est évident, mais je me félicite aussi que votre démarche soit empreinte de réalisme. Le précédent Livre blanc avait de grandes qualités mais il a débouché sur une loi de programmation qui a été constamment irréaliste. Les deux démarches sont différentes et se nourrissent mutuellement. Votre démarche doit être ambitieuse mais elle doit aussi restaurer la crédibilité de la programmation.
Je salue votre sensibilité, élevée, aux problématiques de cyberdéfense, je ne reviens pas sur les enjeux principaux. J'observe que sur les principaux enjeux, nos interlocuteurs, qu'il s'agisse du ministère de la défense, des forces armées, commencent à apporter des réponses à nos propositions concernant les moyens. Malgré le contexte budgétaire défavorable, nos principaux voisins -britanniques, allemands, sans parler des États-Unis, ont su fournir l'effort en matière de cyberdéfense que requerrait la défense de leurs intérêts vitaux y compris économiques. Il nous faut un encouragement à poursuivre cet effort qui est déjà bien engagé.
Vous avez parlé de gouvernance, d'organisation et cité des propos de Patrick Pailloux sur « l'hygiène de base », ce qui me semble très important. Il y a des messages forts à faire passer. Un paragraphe de la lettre de mission du Président de la République montre son intérêt pour ce sujet. Il peut être utile que ce discours soit porté au plus haut niveau de l'Etat. Dans la stratégie nationale britannique, par exemple, la cyber défense figure au deuxième rang des principales menaces, derrière le terrorisme. Sans tomber dans le fantasme ou l'exagération, le dernier James Bond est d'ailleurs particulièrement intéressant à cet égard....
La France dispose de bonnes capacités offensives de cyberdéfense, mais la question est : doit-on avoir une vraie réflexion doctrinale, avec peut être à la clé une doctrine d'emploi ? Il me semble que nous ne sommes pas assez engagés dans la réflexion doctrinale sur ce sujet sensible, nouveau, émergent. C'est aussi un élément de la dissuasion.