Vous avez raison de souligner que les ruptures technologiques sont souvent imprévues. Il nous faut, à bien des égards, apprendre à gérer l'imprévisible. La notion de prospective est sous-développée en France. Il nous faut sans doute renforcer nos capacités dans ce domaine pour mieux anticiper les tendances de long terme. S'agissant des évolutions technologiques, c'est la mission de la DGA. Un des aspects budgétaires de cette question concerne les études en amont et la nécessité de sanctuariser les crédits les concernant.
En ce qui concerne la DAMB, il y a souvent des confusions entre la défense de théâtre et la défense de territoire. Pour ce qui est de la défense de territoire, nous n'avons ni les technologies, ni les financements. Une défense de théâtre peut avoir un sens, comme viennent de l'illustrer les Israéliens à Gaza. D'un point de vue industriel, vous avez raison, MBDA est un vrai succès -Astrium l'est également- et il nous faut préserver nos capacités dans ce domaine ainsi que dans le domaine des missiles antinavire légers que vous avez cité fort à propos.
Le Livre blanc ne doit pas se limiter à être une anticipation de la future loi de programmation. La difficulté, en vérité, c'est d'avoir l'oeil fixé sur l'horizon sans négliger les contraintes du court terme. Le défi c'est bien d'avoir une vision à long terme, mais il faut que le point d'entrée soit connecté aux réalités. Les militaires préfèrent un langage de vérité à une vision angélique.
S'agissant du partenariat avec l'Allemagne, sachez que je me rendrai à Berlin dans quelques jours pour discuter de ces enjeux stratégiques avec nos partenaires d'outre-Rhin. Je suis convaincu qu'il faut approfondir le dialogue avec les Allemands car ce dialogue conduira inévitablement les deux parties à comprendre que leurs intérêts stratégiques sont convergents. Je vous accorde que le dialogue s'est étiolé ces dernières années.
Faut-il rendre publique une doctrine d'emploi en matière de cyberdéfense ? Il y a, de manière générale, un inconvénient à communiquer dans ce domaine, au risque de susciter des vocations. C'est pourquoi nous penchons pour une relative discrétion sur ce sujet central.
Vous avez raison, la question des réserves est centrale en matière de sécurité nationale. Le fonctionnement de ces réserves est plus ou moins satisfaisant selon les armées concernées.
S'agissant du civilo-militaire, l'action civile en faveur de la reconstruction des États ne constitue pas un appendice de l'action militaire mais bien un complément.
En ce qui concerne les drones, vous avez raison de souligner que c'est une étape que l'Europe a manquée. Nous devrons pouvoir disposer de capacités dans ce domaine essentiel à la défense de demain.
- Co-Présidence de M. Jean-Louis Carrère, président de la commission des affaires étrangères et de la défense et de M. Simon Sutour, président de la commission des affaires européennes -