Intervention de Christophe Nijdam

Commission des finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la nation — Réunion du 18 février 2015 à 9h30
Mise en oeuvre des règles de séparation des activités bancaires — Audition de Mm. édouard Fernandez-bollo secrétaire général de l'autorité de contrôle prudentiel et de résolution olivier guersent directeur général adjoint de la commission européenne en charge des institutions financières christophe nijdam secrétaire général de finance watch et alain papiasse directeur général adjoint de bnp paribas

Christophe Nijdam, secrétaire général de Finance Watch :

D'après Alain Papiasse, le TLAC demanderait à BNP Paribas d'émettre 34 milliards d'euros d'obligations à long terme bail-inable. Cela ne représente que 1,7 % de son bilan... La filialisation du market making poserait des problèmes de rentabilité ? J'ai été analyste de marché après avoir été banquier de marché, et suivi le marché bancaire français depuis le début de la crise. La solution, c'est la fusion de certaines de ces banques de marché françaises. Il y en a quatre, c'est deux de trop. J'espère que les actionnaires se rendront compte que les risques restent importants et la rémunération insuffisante.

Les banques françaises ont-elles été des parangons de vertu dans la crise des subprimes ? Celle-ci a commencé le 9 août 2007 car trois établissements français (Oddo, BNP Paribas et Axa) ont gelé le remboursement sur les Sicav monétaires dynamiques. Les banques françaises ont bien joué un rôle en tant qu'investisseurs, ce qui a contribué à la crise de confiance. Alain Papiasse a raison, une banque saute d'abord sur une crise de liquidité, avant toute crise de solvabilité ; mais cette crise se développe d'autant plus rapidement que la confiance est ébranlée. L'effet de levier des banques fait qu'il suffit de pas grand-chose...

BNP Paribas a réalisé de gros efforts depuis la crise de liquidité de 2011, mais les activités de marché restent structurellement mal financées au travers du marché des REPO, c'est-à-dire des ventes à réméré, qui sont pro-cycliques et entraînent l'effondrement des marchés.

Finance Watch n'est pas opposé au marché des capitaux, mais estime que cette activité ne doit pas être au milieu d'une banque universelle, car cela établit une asymétrie totale à l'égard de la société civile : quand ça va bien, pas de problème ; quand ça va mal, au contribuable de renflouer ces banques. Sans garanties d'État pour rassurer les marchés, les banques françaises partaient dans le mur en septembre 2008, comme les autres. Dire qu'une banque universelle est résiliente car diversifiée, c'est passer à côté du problème. Il y a quatre banques françaises dans la liste des trente banques systémiques : nous sommes vice-champions du monde. Des champions nationaux, oui ; mais pour qui et pourquoi ?

Le système bancaire allemand repose principalement sur 1 500 banques de proximité, telles que les Sparkassen et Volksbanken, qui se portent bien, avec une grosse banque systémique, la Deutsche Bank, puis des Landesbanken, comparables au Crédit agricole, et la Commerzbank. Les 1 500 banques de proximité n'ont pas de salle de marché disproportionnées à Londres ou ailleurs et servent très bien les besoins de l'économie allemande, dont nous envions le Mittelstand, le tissu de PME exportatrices.

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