Ce qui nous préoccupe, c'est le retour de la croissance dans la zone euro. Or sans risque et sans innovation, pas de croissance. Un premier sujet de préoccupation est le grand risque final, celui de la der des ders. Le deuxième est la finance parallèle, qui représentait 19 100 milliards d'euros en 2013 et 23 000 milliards en 2014, contre 30 000 milliards pour la banque classique. Ce n'est pas parce que la vente de whisky est prohibée qu'elle n'augmente pas !
En août 2007, les subprimes permettent aux Américains d'emprunter à tout va, la maison servant de garantie à la banque. Toutes les banques y ont participé, via la titrisation. En France, les banques ne prêtent plus d'argent ; la BNP prétend d'abord qu'elle n'a pas trempé dedans, avant de l'admettre. Cela augmente la panique, les banques ne se prêtent plus entre elles, certaines sont asphyxiées. Les États-Unis décident de sauver leurs banques à coup de centaines de milliards de dollars. D'où le durcissement des règles, de la part des banques vis-à-vis de leurs créanciers et de la part des régulateurs. Résultat, il n'y a plus de croissance. Comment trouver une voie moyenne ? Comment être sûr de ne jamais mourir ? En naissant, nous savons que nous mourrons tous un jour. Effacer tout risque est impossible. Les Anglais ne font pas partie de la zone euro et les règles de la City s'imposent au Parlement... Quant au Parlement européen, ce n'est pas un vrai parlement : il ne vote pas de budget.
Il faut apprendre à s'écouter. En tant que modeste sénateur, je cherche à savoir quel est le degré de risque acceptable, quelle est la meilleure régulation. En ce moment, cela ne marche pas. Comment concilier régulation et redémarrage de l'économie ? Tout le monde a de la mémoire, Monsieur Guersent. Le remède n'est peut-être pas pire que le mal, mais on n'en est pas loin ; certains croient qu'il est pire et ne sont pas loin d'imposer cette idée.