D'autre part, ce n'est pas au titre de ses activités de marché ou de teneur de marché qu'elle a trébuché. C'est le cas de très peu de banques, au demeurant : RBS a été nationalisée du fait du rachat de la banque néerlandaise ABN Amro et d'un empilement de crédits structurés qui en faisait le principal acheteur de LBO français. La banque ayant entraîné la crise britannique est morte de crédits immobiliers adossés à des dépôts très courts sur-rémunérés, comme au XVIIIe siècle.
La finance parallèle est un sujet global sur lequel de nombreux travaux de la Commission européenne n'ont pas abouti. C'est, en creux, tout ce qui n'est pas bancaire : gestionnaires d'actifs, assureurs, fonds souverains, fonds de pensions, fondations. Que veut-on contrôler là-dedans ? Sans doute pas les fonds souverains du Golfe ou de Chine ; en revanche, les fonds généraux des compagnies d'assurance, qui ne sont pas régulés de manière homogène en Europe, mériteraient de l'être. En Europe de l'Est et du Nord, les assurances vie ont garanti des rendements à 4 % ou 3,5 %, alors que les taux d'intérêt des instruments sous-jacents sont ceux des emprunts d'État à 0,5 %. Cela les amène à acheter des instruments plus risqués. Non régulé, sans prêteur en dernier ressort, ce secteur nous a fait trembler lors de la crise de la dette souveraine dans les pays du Sud. Si demain les rendements des dettes d'État sont très faibles, cela posera un problème : les assureurs devront soit baisser les rendements de l'assurance vie, ce que font les Français, soit engager leur solvabilité. Certains fonds de pension dégradent la qualité des actifs qu'ils achètent pour garantir du rendement. Dans un pays vieillissant comme l'Allemagne, les épargnants ne peuvent vivre de l'emprunt d'État à 0,3 %. Le risque de la finance parallèle, c'est que les bilans des plus grands gestionnaires d'actifs dépassent déjà ceux de groupes comme BNP Paribas.