Monsieur Germain, notre dépendance aux marchés nous oblige à avoir une action procyclique. Nous sommes condamnés à remettre la maison en ordre au plus mauvais moment. L'idée de Michel Barnier est de mettre en place une régulation adéquatement calibrée pour que l'action soit au contraire contra-cyclique. Depuis quarante ans, nous faisons l'inverse, à la fois dans les finances publiques et dans le système financier : en période de croissance, entre 1995 et 2005, on parlait de « cagnotte », pas de rembourser la dette... En changeant de paradigme, nous retrouverons la puissance primaire des finances publiques et nous rétablirons la marge de manoeuvre nécessaire à une action contra-cyclique. La crise est loin d'être finie, le pire est peut-être devant nous. Actuellement, le principal risque d'instabilité est l'absence de croissance. Cela tient à la mise en place d'une réglementation plus prudente, même si le ratio bancaire maximum est fixé à 33, alors qu'autrefois on considérait qu'un ratio à 15 était énorme. Le paquet Barnier doit être calibré. Il représente 40 réglementations européennes pour 412 règlements d'application. Nos superviseurs, par nature averses au risque, ont essuyé le plus gros désastre de supervision de l'histoire. Ils se rachètent une conduite en serrant les boulons. Sans jeter le bébé de la stabilité avec l'eau du bain de la croissance, nous avons besoin d'engager un jugement politique sur la question, en choisissant d'accepter ou de modifier les règlements proposés, sous le contrôle du Parlement européen.