Intervention de Pierre Médevielle

Réunion du 4 mars 2015 à 14h30
Débat sur les concessions autoroutières

Photo de Pierre MédeviellePierre Médevielle :

Second oubli très important, l’Autorité de la concurrence ne cite pas le principal rentier dans cette affaire, à savoir l’État, qui n’est pas aussi naïf qu’on essaie de le faire croire. En effet, il perçoit une rente annuelle – le mot « rente » est ici justifié, puisque l’État ne fait rien en contrepartie –, qui représente 40 % du chiffre d’affaires des concessionnaires, soit à peu près 3, 5 milliards d’euros.

Pourquoi un tel oubli ? Nous avons tout loisir, bien sûr, de philosopher sur la privatisation de 2005-2006. Je laisse à chacun le soin de se forger une opinion, mais, comme nous allons le voir, les conditions de cette opération n’ont pas du tout été défavorables à l’État.

En effet, cette acquisition s’est faite pendant une période d’embellie boursière, en période de croissance économique, avec des hypothèses de croissance sur le long terme très optimistes et favorables, mais qui n’ont pas survécu à la crise de 2008. Le montant total versé par les nouveaux actionnaires pour recueillir la totalité du capital des sociétés a été de 22, 5 milliards d’euros. S’y sont ajoutés une reprise de dettes de 19 milliards d’euros et un engagement d’investissement de 4, 4 milliards d’euros.

L’État a donc vendu pour 22 milliards d’euros une dette accompagnée d’un engagement de 23 milliards d’euros, dégageant ainsi une trésorerie de 15 milliards d’euros, en s’assurant une rente de 3, 5 milliards d’euros annuelle.

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