Intervention de Éric Doligé

Réunion du 4 mars 2015 à 14h30
Débat sur les concessions autoroutières

Photo de Éric DoligéÉric Doligé :

Vous le verrez, chère collègue ! Je pense très sincèrement que la seconde formule, purement économique, est de loin la plus favorable à notre économie et à l’emploi.

Dès le début, sur ce dossier, les annonces ont fusé, en partant d’un chiffre qui a mis le feu aux poudres, à savoir celui qui a été donné par l’autorité de la concurrence dans son avis publié le 17 septembre 2014. Souvenez-vous, mes chers collègues, il était annoncé des niveaux de rentabilité se situant aux alentours de 24 %. Cela pouvait provoquer des réactions, notamment pour les personnes mal informées et sans relation avec la réalité de l’économie.

La réalité de la vraie vie est toute autre. Je citerai l’exemple de l’autoroute A19, la première qui a été réalisée sans adossement et qui relie Artenay à Courtenay dans le Loiret, pour laquelle nous venons de faire le bilan obligatoire après cinq ans de mise en œuvre.

Pour réaliser l’autoroute, le concessionnaire a emprunté des sommes considérables devant être remboursées avec un certain niveau de taux d’intérêt. La rentabilité se mesure en fonction du trafic, qui ne peut être qu’estimé et peut être perturbé par des facteurs externes. Actuellement, il baisse et les tarifs sont fixés par l’État dans le contrat.

Que constatons-nous après cinq ans ? Le bilan financier est toujours négatif et il mettra plusieurs années encore avant d’arriver à un premier résultat légèrement positif. La rentabilité progressera au fil du temps pour atteindre en fin de concession des niveaux qui pourraient être de l’ordre de 20 % à 24 %. C’est ce chiffre qui a choqué. Malheureusement, il a été mal exploité et nous en payons les conséquences.

La rentabilité doit être calculée en fonction de la durée de la concession, des sommes investies et des emprunts à rembourser, ce qui nous ramène à un résultat moyen variable pouvant être de l’ordre de 6 % à 7 %.

Ne l’oublions pas, à la différence d’un investisseur classique dans l’immobilier, la société d’autoroutes ne récupère pas la propriété du bien à la fin de la concession. Elle remet ce dernier à l’État, qui en tire tout le bénéfice sans aucun investissement et en outre après avoir soumis les sociétés d’autoroutes à divers impôts. Cela a été dit, sur 100 euros de péage, 39 euros vont à l’État : sans investir, ce dernier récupère ainsi près de 40 % de la somme versée.

Aussi, pourquoi faut-il aller très vite à la conclusion d’un protocole d’accord ? Notre économie va mal, l’emploi est dans une situation catastrophique et cela cache des millions de drames individuels. Or, pendant ce temps, l’on disserte sur la gratuité ou la renationalisation.

Vous le savez, mes chers collègues, depuis des mois nous attendons que le ministère accorde enfin le lancement de 3, 2 milliards d’euros de travaux sur nos autoroutes grâce à l’allongement des concessions, et cela avec l’accord de Bruxelles. Les dossiers sont prêts, les travaux peuvent commencer rapidement, mais il semblerait que l’on se satisfasse d’un secteur des travaux publics en dépression et en préparation de licenciements.

Chaque jour compte : à la clef, il y a plus de 10 000 emplois à créer ou à maintenir. Et il faut compter aussi tous les emplois indirects liés aux travaux. Dans un pays où l’on atteint des sommets en matière de chômage, cela mérite attention !

Je vous donnerai un autre exemple local. Depuis environ dix ans, nous nous battons pour obtenir une sortie d’autoroute à Gidy en matière de sécurité, d’environnement, et de développement. Il s’agit là d’une occasion exceptionnelle et le dossier est enfin prêt.

J’ajoute un autre point qui devrait retenir votre attention, mes chers collègues : une entreprise étrangère située à proximité attend la bonne nouvelle pour créer plus de 1 150 nouveaux emplois. Il suffit simplement que je lui confirme l’ouverture de cette sortie d’autoroute ! Si je ne peux le faire, elle se développera à l’étranger. N’est-ce pas là un vrai sujet, d’autant que d’autres exemples similaires existent sans doute en France ?

Merci, monsieur le ministre, de nous entendre et de faire taire tous ceux qui sont contre l’économie et qui utilisent tous les mauvais prétextes. Merci d’écouter le Président de la République et de nous aider à inverser durablement la courbe du chômage !

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