J’examinerai avec beaucoup d’intérêt les conclusions des travaux que les deux assemblées mèneront sous l’égide de leurs présidents sur le thème de l’engagement, conformément au souhait du Président de la République.
Par ailleurs, je serai particulièrement vigilant sur deux points.
Premièrement, il faut veiller à la qualité des missions, qui ne doivent pas se substituer à des emplois, ainsi que le rappelaient très justement MM. Mouiller et Reichardt, chaque ministère devant élaborer, en lien avec l’Agence du service civique, des référentiels types permettant d’encadrer les missions pouvant être proposées dans son champ d’intervention, soit dans ses administrations, soit auprès des associations. Il existe de nombreuses possibilités de servir l’intérêt général, dans le respect des principes du service civique. Ce sont ces gisements que nous devrons mettre au jour, dans les meilleurs délais. Pour lutter contre les éventuels abus, des contrôles seront mis en place à l’échelon déconcentré. En outre, la formation des tuteurs sera renforcée : c’est une condition indispensable à la montée en puissance du service civique.
Deuxièmement, nous devons nous attacher à permettre à tous les jeunes, quel que soit leur profil, des moins qualifiés aux plus qualifiés, de bénéficier d’un service civique, comme le soulignait justement M. Hervé. Cela étant, les chiffres montrent que, dès à présent, le service civique prend en compte la diversité de la jeunesse française, puisque, sur 100 jeunes volontaires, 18 sont issus des quartiers prioritaires de la politique de la ville, 25 ont un niveau inférieur au baccalauréat et 43 un niveau supérieur ou égal.
Peut-être convient-il d’ouvrir plus encore le service civique aux jeunes qui en ont le plus besoin. Que nous appelions cela « discrimination positive » ou « rétablissement de l’égalité des chances », l’objectif, au-delà de la sémantique, est politique : nous devons redonner l’espoir à ces jeunes en grande difficulté.
Pour ce faire, les missions que nous définirons ne devront requérir aucune compétence préalable, de manière à ne pas favoriser les seuls jeunes surdiplômés. Dans le même esprit, si une formation est nécessaire en amont du service civique, elle devra être proposée au jeune pour lui permettre d’accroître ses compétences et d’accomplir correctement sa mission. À titre indicatif, pour le grand programme « environnement », c’est le ministère de l’écologie, du développement durable et de l’énergie et l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, l’ADEME, qui sont responsables du pilotage de ces formations, l’objectif étant de recruter 15 000 jeunes au titre du service civique.
Mesdames, messieurs les sénateurs, le service civique ne doit pas devenir un dispositif exclusivement réservé aux jeunes en difficulté ou ouvert uniquement aux jeunes surdiplômés : il doit demeurer à l’image de la jeunesse, dans sa pluralité, dans sa diversité. Son évaluation s’impose pour garantir sa qualité.
Mon illustre prédécesseur Léo Lagrange aimait à répéter qu’« aux jeunes, il ne faut pas tracer un seul chemin, il faut ouvrir toutes les routes ». Pour ce qui me concerne, je me tiens à votre disposition pour poursuivre nos échanges, dans un esprit de construction collective. En effet, après les attentats de janvier dernier, après le temps de la sidération, de la compassion, le temps de la construction est venu. Ce débat montre que des réponses consensuelles se dégagent.
La montée en charge du service civique mérite de mobiliser l’attention de tous. Je souhaite la promouvoir dans un esprit de rassemblement, avec l’ambition de permettre à tous les jeunes voulant s’engager dans un service civique de pouvoir le faire dès que possible.
La promesse républicaine se construit pour les jeunes, mais surtout avec eux. La nouvelle prime d’activité, annoncée voilà vingt-quatre heures, permettra quant à elle d’apporter une réponse aux jeunes de moins de 25 ans qui travaillent. Le service civique contribuera de manière significative à relever les défis qui ont été évoqués. C’est aussi une priorité du Gouvernement de la France.
Pour conclure, monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, permettez-moi d’évoquer la mémoire de Claude Dilain. Il manquera à vos débats. Il manque déjà à ses amis ; j’ai l’honneur d’avoir été l’un d’eux.