Intervention de Staffan de Mistura

Commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées — Réunion du 4 mars 2015 à 9h45
Audition de M. Staffan de Mistura envoyé spécial du secrétaire général des nations unies pour la syrie

Staffan de Mistura, envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Syrie :

S'agissant de la formule fédérale, chacun a le droit d'avoir son analyse. Si on avait pu résoudre le conflit entre l'Irak et l'Afghanistan par cette voie, on l'aurait fait. Les Irakiens et les Afghans ont des positions ethniques, politiques et religieuses très différentes, mais l'unité d'un pays demeure cependant vitale.

En Syrie, personne n'est d'accord avec un découpage par canton. Cela étant, les Kurdes ont un énorme besoin de sentir que leur culture, leurs traditions, leurs aspirations, sont reconnues en tant que telles. Je les connais bien : j'ai travaillé à leur côté dans des moments terribles ! C'est un point fondamental pour eux.

Je ne me risquerais pas à proposer une atteinte à l'union nationale. Ce serait ouvrir la boîte de Pandore ! Il existe de facto une séparation, Daech affirmant contrôler un tiers du pays, le gouvernement en contrôlant une autre partie. D'autres zones ne sont contrôlées par personne. Est-ce la solution ? Certains emploient le terme de « Syrie utile », s'agissant du territoire contrôlé par le gouvernement syrien. Pour l'ONU, la Syrie ne constitue qu'un seul et même pays.

Intervenir militairement à la suite de l'emploi d'armes chimiques aurait-il constitué une bonne idée ? Selon mon expérience personnelle, il ne faut jamais regarder en arrière. Cela étant, plus la pression politique et militaire est réelle, plus elle est efficace. Je souhaite donc que la pression internationale soit suffisamment forte pour que tout le monde puisse s'asseoir autour d'une table.

Pour ce qui est de négocier avec Daech, ma propre mère ne serait pas très fière de savoir que j'ai traité avec certaines personnes, mais les résultats sont là ! L'ONU est heureusement capable de traiter avec tout le monde. Toutefois, Daech figure sur la liste des organisations terroristes établie par l'ONU ; j'aurais donc beaucoup de difficultés à le faire... Mais ils n'ont de toute façon aucune envie de traiter avec qui que ce soit. Ils ne partagent aucune de nos visions. Ils ne souhaitent que la destruction. La question ne se pose donc pas. Cela dit, il existe une possibilité de sauver des vies, il faut faire tout ce qu'il est possible de faire.

Il conviendrait que la communauté internationale puisse s'engager vraiment pour que cessent les horreurs. Si la communauté internationale peut amener les différentes parties à la table des négociations sur la base du communiqué de Genève, autour d'une formule politique, dans une prochaine étape, elle pourra aider les institutions syriennes à lutter contre Daech, comme lors de la guerre d'Irak. On n'en est pas encore là...

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