Intervention de André Gattolin

Commission de la culture, de l'éducation et de la communication — Réunion du 11 mars 2015 à 15h00
Rapport du groupe de travail interministériel sur l'avenir de france télévisions à l'horizon 2020 — Audition de M. Marc Schwartz conseiller référendaire à la cour des comptes

Photo de André GattolinAndré Gattolin :

Je souhaite tout d'abord vous adresser mes plus vives félicitations pour la qualité de votre rapport. Jamais je n'ai, en trente ans, lu un travail aussi pertinent sur la télévision publique, exception faite peut-être du récent travail de la Chambre des communes « The future of the BBC », qui, sur un ton différent, dresse un constat fort proche du vôtre. Je précise qu'il s'agit d'un rapport qui s'inscrit dans la préparation de la prochaine Charte royale qui sera conclue entre la BBC et sa tutelle pour les dix années à venir. À l'occasion de la discussion de la loi relative à l'indépendance de l'audiovisuel public, nous avions recommandé, sur le modèle britannique, que l'État actionnaire établisse une « feuille de route » en amont de la nomination du président-directeur général de France Télévisions. Cette proposition m'avait d'ailleurs attiré les foudres du Canard enchaîné, qui l'avait jugée scandaleuse. Pourtant, votre rapport prouve combien un tel cadrage est utile. Vous apparaissez, en ce sens, comme « un enfant du Sénat » et du travail législatif que nous avons réalisé à l'automne 2013.

Deux points m'interpellent toutefois. Le premier concerne vos références au jeune public. Je sais combien la volonté politique actuelle considère à tout prix la jeunesse comme une priorité, mais, à mon sens, le nécessaire rajeunissement de l'audience de France Télévisions et la reconquête doit majoritairement porter sur la tranche d'âge 35-50 ans. On se dédouane trop facilement de la perte progressive de l'audience des jeunes s'agissant de la télévision linéaire en l'attribuant au développement des supports numériques. À titre d'illustration, le rapport précité de la Chambre des communes montre qu'à rebours des travaux préparatoires à la Charte royale de 2004, qui estimaient que la délinéarisation toucherait un tiers du public d'ici à 2014, le phénomène a été bien moins marqué. En réalité, la désaffectation des jeunes tient plus à l'inadaptation des programmes qu'aux évolutions technologiques.

Ma seconde critique porte sur la place donnée, dans votre rapport, au CSA. À sa lecture, j'ai eu l'étonnante impression que cette instance n'existait pas, exception faite de son rôle de nomination du président-directeur général de France Télévisions, alors même que le législateur a considérablement renforcé ses prérogatives dans le cadre de la loi relative à l'indépendance de l'audiovisuel public.

En revanche, il est exact que le contrôle interne au sein de France Télévisions est insuffisant et qu'il pâtit de trop faibles moyens humains puisque seuls quatre salariés y sont affectés soit trois fois moins qu'à la BBC. Au-delà de la simplification des tutelles du groupe, il me semble essentiel que celui-ci se dote de réels moyens de contrôle et de gestion interne.

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