Vous avez participé à certaines de ces entrevues, dont celle que j'ai eue avec la ministre suédoise des droits des femmes. La Suède a adopté, il y a quinze ans, une loi abolitionniste, dont on peut mesurer aujourd'hui les effets. S'il est vrai qu'un rapport régional met en cause l'efficacité de la loi, le rapport du Gouvernement indique que la responsabilisation du client a fait reculer la prostitution de 50 %. Cela ne veut pas dire que les réseaux ont été éradiqués, mais que la loi, qui pénalise le client, a permis de lutter plus efficacement contre eux et de les faire reculer. Elle a apporté, dans cette lutte, un outil supplémentaire.
D'autres pays européens nous observent de près. Le Luxembourg réfléchit sérieusement à ce sujet ; l'Allemagne et les Pays-Bas se posent beaucoup de questions. Ils considèrent avec intérêt notre recherche d'un équilibre reposant sur les quatre piliers que sont la suppression du délit de racolage, la responsabilisation du client, l'accompagnement sanitaire renforcé et la prévention.
Je rappelle enfin que le protocole additionnel à la convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée, qui vise à réprimer la traite, a été approuvé par le Conseil de l'Europe. Cela est important, car les réseaux n'ont pas de frontières. Les jeunes femmes que j'ai rencontrées sur le terrain expliquent que parfois, elles « partent en vacances » quelques mois, ce qui signifie qu'elles sont emmenées en Italie ou en Espagne, souvent droguées pour être mieux contrôlables.