Madame la secrétaire d'État, je souhaite attirer votre attention sur la composition d’une nouvelle trousse de prévention destinée à être mise à disposition des usagers de drogues.
Actuellement, les usagers de drogues utilisent essentiellement des seringues à insuline d’un millilitre dont l’aiguille est sertie. Ces seringues sont distribuées dans les CAARUD, les centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction de risques pour usagers de drogues, et dans les trousses de prévention pharmaceutiques, les « Stéribox ».
Vous le savez, la mise à disposition de matériel d’injection stérile vise à limiter les risques de transmission de pathologies infectieuses chez les usagers de drogues par voie injectable.
Grâce à cette politique, les contaminations par le VIH par injection de drogues ont quasiment disparu en France, mais plusieurs milliers d’injecteurs se contaminent encore chaque année avec le VHC, le virus de l’hépatite C.
Il est envisagé, semble-t-il, d’équiper de nouvelles trousses de prévention d’un dispositif filtrant antibactérien. Ce dispositif étant incompatible avec les seringues actuelles d’un millilitre serties, la décision semble prise d’abandonner ces dernières au profit de seringues à aiguilles détachables à espace mort élevé.
Or, d’après les études récentes, l’usage de ces nouvelles seringues présente un risque de transmission du VIH et du VHC beaucoup plus important que celui des seringues utilisées jusqu’à présent. En effet, le volume résiduel de telles seringues est nettement plus élevé, et les risques de transmission virale en cas de partage et de réutilisation sont très fortement augmentés.
Le choix de nouvelles seringues fait ainsi prendre un risque sans commune mesure avec le bénéfice attendu, à savoir la diminution par filtration du risque bactérien.
Madame la ministre, je souhaiterais que vous puissiez m’apporter les éléments en votre possession de nature à justifier l’abandon d’un système qui a fait ses preuves. Les arguments le plus souvent invoqués en termes de balance entre bénéfices et risques ne sont pas probants, tant s’en faut.
Nous nous trouvons ici face à un problème de santé publique qu’il convient de ne pas négliger. Même si la question paraît assez technique, elle est vraiment fondamentale de ce point de vue. Il faut préserver des outils de prévention et de réduction des risques dont l’efficacité n’est plus à démontrer.